Shein sous la menace d’une interdiction en France après la vente de poupées sexuelles à l’apparence infantile

À l’heure où Shein s’apprête à inaugurer son tout premier magasin physique permanent dans le monde, au cœur du BHV Marais à Paris, une nouvelle controverse vient ternir l’image déjà fragile du géant de la « fast fashion ». Un article de l’Agence France-Presse, relayé par CTV News le 3 novembre 2025, rapporte que le ministre français de l’Économie et des Finances, Roland Lescure, a menacé d’interdire la marque du territoire français si elle reprenait la vente de poupées sexuelles à apparence juvénile — un scandale qualifié de « répugnant et illégal » par le gouvernement.

Une alerte du service antifraude français

Selon l’AFP, l’avertissement du ministre a été déclenché par une enquête du service national antifraude (DGCCRF), qui a constaté que Shein commercialisait sur sa plateforme des poupées d’un caractère potentiellement pédopornographique. Le quotidien Le Parisien a publié sur son site une photo d’un de ces objets : une poupée d’environ 80 centimètres tenant un ours en peluche, accompagnée d’une légende à connotation explicitement sexuelle.

Peu après cette révélation, Shein a annoncé avoir retiré les articles de sa boutique en ligne et lancé une enquête interne. Malgré cette réaction, Roland Lescure a déclaré lundi à la chaîne BFMTV : « Ces objets horribles sont illégaux », promettant qu’une enquête judiciaire serait ouverte et qu’il n’hésiterait pas à « interdire Shein du marché français » si de tels produits réapparaissaient.

Une ouverture de magasin déjà controversée

Cette polémique tombe à un moment particulièrement sensible pour l’entreprise asiatique. Shein, aujourd’hui basée à Singapour mais fondée en Chine, doit inaugurer mercredi son premier magasin permanent dans le monde, au cœur du BHV Marais, l’un des hauts lieux du commerce parisien. Cette ouverture, présentée par la marque comme un jalon stratégique, a déjà suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique et de plusieurs élus français, en raison des pratiques sociales et environnementales reprochées à la compagnie.

Certaines marques partenaires du BHV Marais auraient même décidé de retirer leurs produits pour protester contre cette collaboration, selon l’AFP.

Une entreprise déjà sanctionnée à plusieurs reprises

Toujours selon CTV News et l’AFP, l’année 2025 a été particulièrement mouvementée pour Shein sur le plan réglementaire. L’entreprise a déjà écopé de trois amendes en France, totalisant 191 millions d’euros (environ 220 millions de dollars américains). Ces sanctions portaient sur divers manquements : non-respect des règles sur les témoins de connexion (cookies), publicité mensongère, informations trompeuses et absence de déclaration de microfibres plastiques dans ses produits.

Parallèlement, la Commission européenne mène une enquête sur les risques associés à la vente de produits illégaux via la plateforme. Dans la foulée, le Parlement européen a adopté de nouvelles mesures destinées à limiter l’impact environnemental du « fast fashion », un modèle de production et de consommation dont Shein est devenue le symbole.

Un avertissement aux répercussions internationales

La menace de bannissement formulée par la France pourrait faire jurisprudence au sein de l’Union européenne, où Shein est déjà sous surveillance pour ses pratiques commerciales et environnementales. En ciblant à la fois la morale publique et la responsabilité industrielle, cette affaire illustre la tension croissante entre les géants du commerce en ligne mondialisé et les régulations nationales visant à protéger les consommateurs — et, dans ce cas précis, à prévenir toute forme d’exploitation d’images ou d’objets à caractère pédopornographique.

Shein, qui ambitionne d’améliorer son image en multipliant les partenariats et les initiatives locales, voit ainsi son expansion européenne compromise par une succession de crises éthiques et judiciaires qui, selon l’expression d’un observateur cité par Le Parisien, « risquent de transformer son ouverture à Paris en véritable désastre de relations publiques ».

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