Système d’immigration en crise : Huit ans après son ordre d’expulsion, un criminel multirécidiviste reste au Canada

L’affaire relatée par Chris Lambie dans le National Post met en lumière les failles d’un système d’immigration canadien souvent incapable d’exécuter ses propres décisions. Le journaliste rapporte le cas de Ryan Anthon Fyfield, un résident permanent né à Saint-Kitts-et-Nevis en 1994, qui a été reconnu coupable à plusieurs reprises d’agressions violentes depuis son adolescence au Canada. Malgré une ordonnance d’expulsion prononcée dès 2017 pour « criminalité grave », l’homme se trouve toujours sur le territoire canadien et fait actuellement l’objet d’un nouveau réexamen de sa détention.

Selon les documents de la Cour fédérale cités par Chris Lambie, Fyfield a été condamné notamment pour avoir frappé un client de boîte de nuit avec une bouteille, lui brisant une dent et blessant son visage. C’est ce délit de 2014 qui a déclenché la procédure d’expulsion. Déclaré « interdit de territoire » pour cause de criminalité sérieuse, il a reçu en 2017 une suspension conditionnelle de quatre ans, à condition de suivre une thérapie de gestion de la colère et de rester à l’écart de la drogue. Mais, comme l’explique le juge Angus Grant dans une décision du 19 septembre, Fyfield a rapidement violé ses engagements : rechutes, consommation de crack, instabilité, épisodes de violence et refus de se présenter à ses rencontres obligatoires avec l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

En 2023, relate Lambie, il aurait même sectionné son bracelet de surveillance avec une paire de ciseaux, avant d’être réincarcéré à plusieurs reprises. Ses séjours dans des centres de traitement comme Launchpad, à Windsor, ont échoué : il en a été expulsé après des rechutes. L’ASFC, considérant qu’il représente toujours un danger pour le public et un risque de fuite, s’oppose à sa libération.

Dans son jugement, le juge Grant décrit aussi le passé troublant de l’homme : enfant, Fyfield aurait été témoin du meurtre de sa mère par un compagnon violent. Arrivé au Canada à 11 ans, il a grandi à Leamington, en Ontario, et obtenu la résidence permanente à 16 ans. Mais dès 18 ans, il accumulait déjà les condamnations : quatre agressions et plusieurs manquements à des ordonnances du tribunal entre 2012 et 2014.

Aujourd’hui, l’ASFC attend toujours qu’il dépose un pré-renvoi — la dernière procédure permettant à une personne menacée d’expulsion d’invoquer des risques pour sa sécurité en cas de retour. Tant que cette évaluation n’est pas complétée, son statut demeure incertain. Fyfield doit comparaître à une nouvelle audience de révision de détention le 10 octobre, signe qu’il n’a pas été libéré lors de la précédente.

Ce dossier, souligne implicitement Chris Lambie, illustre un problème plus vaste : la lenteur chronique du système d’expulsion canadien. Comme le rappelait récemment une autre chroniqueuse du National Post, Jamie Sarkonak, certaines déportations de criminels étrangers s’étirent sur plus d’une décennie. Dans le cas de Fyfield, huit ans après la décision d’expulsion, les procédures administratives, judiciaires et médicales continuent de s’enliser, pendant que l’homme demeure détenu aux frais des contribuables.

L’histoire de Ryan Fyfield expose ainsi les limites d’un système d’immigration tiraillé entre compassion, bureaucratie et sécurité publique. Malgré un passé violent et des manquements répétés, les autorités semblent incapables de mettre un terme à un processus qui, selon plusieurs observateurs, mine la crédibilité du régime canadien de protection et d’expulsion.

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