CHSLD

Le monde s’est effondré, la vie a basculé ; la mort s’est répandue et avec elle une vague de programmes sociaux plus attrayants et couteux. Nous avons pleuré la mort des personnes en foyers pour ainés ou en CHSLD du Québec.

L’expression « De Charybde en Scylla » nous vient de la mythologie grecque (L’Odyssée, Ulysse). Il s’agissait de deux monstres et en naviguant dans un certain passage, tu évitais le premier pour te ramasser avec l’autre.

Le ton moralisateur envers le Québec du premier ministre du Canada Justin Trudeau, au cours de ses derniers points de presse, m’exaspère plus que jamais. Les récents commentaires de ce dernier sur l’utilisation des militaires dans les CHSLD, sur les problèmes structurants du réseau québécois de la santé et sur sa suggestion d’amener les CHSLD sous la juridiction fédérale sont au cœur de mon exaspération. Certainement, il y en a bien d’autres, mais pour l’instant passons.

À la mi-mars, le gouvernement Legault annonçait une politique de confinement générale et la fermeture de toutes les entreprises non essentielles. Quel était le but premier du premier ministre ? Freiner la progression du virus chinois et ainsi protéger les personnes les plus vulnérables, les 70 ans et plus ayant des problèmes de santé.

Le 15 avril dernier, nous avons eu droit à un cri du cœur de notre gouvernement, suppliant littéralement nos médecins spécialistes et omnipraticiens de nous venir en aide. Une aide humanitaire comme ils prodiguent parfois dans les pays du tiers monde. Nos CHSLD représentent malheureusement le tiers monde présentement.

Bien avant la pandémie, nous savions tous et toutes que le quotidien des personnes hébergées dans certains CHSLD et dans certaines résidences privées n’était pas rose. Manque de personnel, sous financement, ratios intervenants patients trop élevés et j’en passe. En fait, il y a vingt ans que j’en parle. Que dis-je ? Que je m’époumone en déchirant ma chemise sur toutes les tribunes afin d’alerter la population et le gouvernement. Il faut dire qu’avec le précédent gouvernement et celui que je surnomme non affectueusement, le Dieu de la santé, c’était peine perdue. Pour lui, je n’étais qu’un hurluberlu qui l’a talonné sans arrêt en tentant de lui faire comprendre que les bâtisseurs de notre société et les personnes qui les cajolent en voyant à leur bienêtre méritent mieux. « Ce n’est pas un préposé que va me dire quoi faire. » Il ne l’a jamais dit publiquement, mais il l’a probablement pensé. Je l’imagine, car d’autres l’ont pensé avant lui, principalement dans mon milieu de travail. En fin de compte, je m’en contrefiche de ce que pensent les gens. Mon seul but était, est et sera de faire bénéficier nos ainés et toutes les personnes hébergées en institution, de soins dignes, justes et respectueux.

Bien avant le début de cette pandémie, les conditions de vie de nos ainés dans les CHSLD étaient difficiles et inacceptables. Cela peut s’expliquer par le manque de personnel dans ces établissements. Il n’y a pas grand monde qui veut faire ce travail à 14 $ de l’heure. Ces préposés aux bénéficiaires sont des héros et ils méritent une forte hausse de salaire. Il va falloir faire cela afin de recruter du personnel.