Depuis quelques semaines, Donald Trump multiplie les sanctions contre les universités jugées trop « woke », pendant qu’Elon Musk appelle carrément à la disparition de Wikipédia. La guerre culturelle se déploie sur de nouveaux fronts, et les militants institutionnalisés en prennent pour leur rhume. Faut-il y voir une atteinte à la liberté d’expression ? Ou plutôt le contrecoup d’années d’abus de pouvoir ?
Certaines universités en France tentent désormais de recruter des universitaires américains qui se disent lésés par ces politiques conservatrices. On parle ici de chercheurs en études de genre ou en environnement, certains allant même jusqu’à comparer cette migration intellectuelle à celle des scientifiques fuyant le nazisme pour contribuer, entre autres, au projet Manhattan. Un parallèle douteux, c’est le moins qu’on puisse dire.
Il faut dire que les secteurs les plus porteurs d’avenir – l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, la cybersécurité – ne sont aucunement affectés par ces politiques. Et c’est peut-être là que le bât blesse : les domaines les plus bruyants sur le plan idéologique ne sont pas nécessairement ceux qui font avancer concrètement la société. Est-ce qu’une société peut fonctionner sans études de genre ? Clairement, oui. Et il devient presque comique de voir à quel point cette spécialité est devenue centrale dans les débats.
Quant à la guerre d’édition sur Wikipédia, elle révèle un autre enjeu : celui de la neutralité de l’information. Wikipédia prétend être collaborative, mais elle est souvent prise en otage par des groupes très organisés qui imposent leur vision des choses. Si certains critiquent le biais du site, ils feraient mieux de créer des alternatives sérieuses ou d’aller eux-mêmes sur le terrain éditorial pour redresser la balance. Le savoir n’appartient à personne.
Cela dit, si les médias s’insurgent aujourd’hui contre le « traitement injuste » réservé à certains universitaires, c’est peut-être qu’ils refusent de reconnaître un simple retour de balancier. Pendant des années, des conférenciers ont été annulés, des chercheurs ostracisés, des étudiants intimidés pour avoir émis des opinions divergentes. Ce n’est pas une légende urbaine. C’est une réalité vécue sur plusieurs campus occidentaux.
Alors, bien sûr, tout cela ne justifie pas tous les excès. Mais si la liberté d’expression était vraiment au cœur des valeurs de cette nouvelle gauche, elle aurait protégé le débat bien avant que l’exaspération monte. On nous parle de liberté académique ? D’accord. Mais alors, pourquoi ne pas avoir défendu les voix dissidentes sur le climat, les défenseurs de l’histoire nationale ou la critique du féminisme radical ? Pourquoi certains discours ont-ils été systématiquement censurés au nom d’un prétendu progrès social ?
On accepte sans broncher que des mineurs puissent, sans le consentement de leurs parents, entamer des transitions de genre irréversibles. On enseigne que le sentiment d’être femme suffit à être femme, sans débat possible. Et quand quelqu’un ose questionner ces dogmes, c’est l’ostracisation assurée.
Il y a, bien sûr, des critiques valables à formuler contre certaines méthodes de l’administration Trump. Mais il faut aussi reconnaître que le silence complaisant de certains milieux académiques et culturels face aux abus des militants « progressistes » a pavé la voie à ce retour de flamme.
Si la liberté d’expression est si précieuse, elle doit s’appliquer à tous. Pas seulement à ceux qui répètent les mantras dominants.