La Fédération canadienne des contribuables (FCC) a publié, le 17 juin 2025, son bulletin annuel des ministres des Finances, qui évalue et classe les provinces selon la gestion de leurs finances publiques. Cette année, le ministre québécois Éric Girard écope d’une note globale de D-, l’une des plus basses au pays, principalement en raison d’un déficit historique et de l’absence d’allègement fiscal.
« Le ministre Girard creuse un déficit colossal de 13,6 milliards $ pendant que la dette publique du Québec atteint près de 260 milliards $, soit un fardeau de 28 300 $ par citoyen », déclare Nicolas Gagnon, directeur pour le Québec à la FCC. « Malgré un déficit historique, aucun allègement fiscal n’était au menu dans le dernier budget québécois. »
Une évaluation sans appel
Basé sur une analyse rigoureuse des plus récents budgets provinciaux, le rapport de la FCC (disponible ici) attribue une note à chaque province selon quatre critères principaux :
- la croissance de la dette;
- le coût des intérêts sur la dette;
- l’évolution des dépenses gouvernementales;
- la présence ou l’absence de mesures d’allègement fiscal.
Voici le détail de la performance québécoise dans chacune des catégories :
Catégorie | Note | Détails |
---|---|---|
Dette | F | 258 milliards $ de dette publique, soit 28 300 $ par habitant, le troisième plus haut niveau au Canada. |
Paiements d’intérêts | F | 9,7 milliards $ cette année, soit 1 065 $ par personne, encore une fois troisième rang national. |
Augmentation des dépenses | B | Une hausse de 5,2 %, ce qui est la deuxième plus faible augmentation au pays. |
Allègement fiscal | D | Aucun effort en ce sens : zéro baisse d’impôt, même symbolique. |
La FCC souligne que le Québec se distingue à peine dans une seule catégorie – la modération relative de la croissance des dépenses – mais échoue sur les autres points cruciaux.
Un trio de fond de classement
Le Québec ne fait pas pire que deux autres provinces : le Manitoba (ministre Adrien Sala) et Terre-Neuve-et-Labrador (ministre Siobhan Coady), qui obtiennent tous deux une note globale de F. À l’inverse, la Saskatchewan se classe première avec une note de B+, grâce à une gestion plus prudente et des efforts d’allègement fiscal ciblés.
« Le Québec s’enfonce dans l’endettement pendant que le service de la dette siphonne presque 10 milliards $ chaque année », avertit Nicolas Gagnon. « On ne peut pas continuer à taxer davantage, emprunter plus et offrir moins aux contribuables. »
Une approche comptable rigoureuse
Dans son rapport, la FCC précise que les “budgets équilibrés” ne sont pas valorisés s’ils cachent une augmentation réelle de la dette. Ce sont les données concrètes – non les intentions ni les projections – qui sont prises en compte. À ce titre, le Québec échoue à maîtriser sa dette et ses charges d’intérêt, ce qui le pénalise lourdement.
Par ailleurs, aucune province n’a reçu la note “A”, preuve que les gouvernements provinciaux, dans l’ensemble, continuent de miser sur l’endettement pour financer leurs engagements, en négligeant les enjeux de viabilité à long terme.
Une comparaison défavorable
À titre comparatif :
- L’Alberta prévoit une baisse d’impôt permettant à une famille moyenne d’économiser 1 500 $ par an, malgré une reprise modérée de l’endettement.
- La Nouvelle-Écosse abaisse sa TVH et son impôt des PME.
- L’Île-du-Prince-Édouard adopte plusieurs mesures favorables, malgré une hausse de dépenses de 9,1 %.
- Le Québec, lui, maintient un niveau de taxation inchangé tout en creusant un déficit sans précédent.
Conclusion : le prix de l’inaction
Alors que plusieurs provinces, malgré leurs défis budgétaires, font des choix clairs pour alléger le fardeau fiscal des contribuables, le Québec reste sur la défensive, sans initiative de réduction d’impôt, sans réforme structurante, et avec une dette croissante qui grève à la fois les finances publiques et la marge de manœuvre des générations futures.
Le rapport complet de la FCC, publié le 17 juin 2025, peut être consulté en ligne et inclut une évaluation détaillée pour chacune des dix provinces. Il s’agit d’un appel pressant à la responsabilité budgétaire dans un contexte d’inflation persistante et de ralentissement économique.