Alors que le monde entier célébrait la nouvelle année 2025, c’était aussi la date d’expiration d’un contrat conclut en 2019 entre l’Ukraine et la Russie, qui assurait la livraison vers les marchés européens du gaz du géant russe Gazprom via les réseaux de gazoducs de son équivalent ukrainien, Naftogaz. En l’occurrence, de nombreux pays d’Europe de l’Est se sont réveillés inquiets sur le plan énergétique ce matin ; c’est notamment le cas de la Slovaquie et de la Hongrie, qui dépendent toujours fortement du gaz russe, et ce, malgré la guerre en cours depuis 2022.
La livraison de gaz russe en Europe via l’Ukraine est donc complètement au point mort ce mercredi et a fait monter le cours du gaz européen au-delà de la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure. Mais surtout, on craint désormais une nouvelle crise énergétique dans les pays touchés.
Il faut se rappeler qu’en 2023, c’est 14,65 milliards de mètres cubes de gaz russe qui avait été livré en Europe, et que l’approvisionnement se chiffrait toujours dans les millions de mètres cubes seulement dans les dernières semaines. Évidemment, de nombreux efforts ont été faits par l’Europe ces dernières années afin de se débarrasser de cette dépendance à la Russie, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire en Europe de l’Est.
Pour l’Ukraine, l’expiration de ce contrat et le refus de le renouveler représente une victoire contre la Russie et une manière de la priver de l’une de ses principales sources de revenus, une position que partage la Pologne. Or, de toute évidence, cette « victoire » semble se faire sur le dos d’autres pays de la région, qui écoperont de cette rupture des approvisionnements.
Selon le premier ministre slovaque, Robert Fico : « Stopper le transit de gaz via l’Ukraine aura un impact drastique sur nous tous dans l’UE, pas seulement sur la Fédération de Russie ». En effet, trouver d’autres approvisionnements et les diversifier coûtera nécessairement plus cher à ces pays.
Soulignons que l’opportunité pour le Canada d’aider l’Europe à se débarrasser du gaz russe en exportant plus de gaz naturel liquéfié, avec des projets tels que GNL Québec, est discutée depuis de nombreuses années, mais constamment rejetée par Justin Trudeau et François Legault. Au contraire, ceux-ci cherchent à diminuer nos activités dans le domaine, voire carrément les interdire. Le Canada serait pourtant le fournisseur le plus proche en Atlantique Nord, avec des routes maritimes beaucoup plus courtes que celles partant du golfe Persique ou du golfe du Mexique, en plus d’être un partenaire beaucoup plus fiable et éthique que la Russie ou les États moyen-orientaux.
Pour ce qui est de la Hongrie, ses approvisionnements n’ont pas complètement été interrompus, puisqu’ils passent majoritairement via le gazoduc TurkStream, sous la mer Noire, mais le premier ministre Viktor Orban se désole tout de même de voir l’accès via l’Ukraine coupé. Il faut dire qu’en 2022, le gazoduc Nord Stream, passant via la mer Baltique, avait été saboté, coupant le principal approvisionnement vers l’Allemagne. Dépendre seulement du gazoduc TurkStream, qui pourrait être sujet d’un sabotage semblable, expose donc la Hongrie à une certaine précarité.
La fin du contrat entre l’Ukraine et la Russie n’est cependant pas le seul évènement à priver un pays européen de gaz russe dans les dernières heures : la Moldavie aussi a vu ses approvisionnements coupés par Gazprom en raison d’un différent financier entre l’ex-république soviétique et la Russie. L’élection d’une présidente pro-européenne n’aide pas non plus à régler le différend, ce qui démontre bien l’usage politique que fait la Russie de son gaz et le levier de négociation qu’il représente. C’est en raison de ce genre de chantage énergétique que l’Europe entend se libérer de sa dépendance au gaz russe.
Bref, les difficultés énergétiques de l’Europe, qui faisaient les manchettes autour de 2022, sont loin d’être terminées, et représentent toujours une opportunité d’affaire pour le Québec et le Canada.