À compter de lundi prochain, le 27 mai à Genève, les dirigeants mondiaux discuteront et décideront de l’Accord mondial sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Alors que la santé est une responsabilité provinciale au Canada, l’Accord confierait la souveraineté du Québec à un groupe d’étrangers non élus qui ne seraient pas responsables devant les Québécois, mais qui pourraient néanmoins décider de la façon dont nous devrions faire face aux futures pandémies. La raison d’être du Bloc est de défendre la souveraineté du Québec, alors comment est-il possible que ce parti n’ait pas de stratégie ou de position à l’égard de ce développement politique extrêmement important ?
L’OMS ne s’est pas révélée être une organisation bénigne ou responsable ces dernières années. Elle n’a pas tenu la Chine responsable d’avoir couvert l’ampleur de la pandémie de COVID-19 au début de cette crise. Elle est actuellement dirigée par Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui est accusé de crimes de guerre commis pendant son mandat de ministre de la Santé en Éthiopie. Et elle est financée dans une très large mesure par la Fondation Bill et Melinda Gates et l’Alliance GAVI, également contrôlée par Gates, ce qui la rend vulnérable à des intérêts financiers particuliers. Cette influence monétaire remet en question que l’OMS est encore un organisme indépendant qui prend des décisions basées sur des recherches scientifiques impartiales et sans entrave.
Lors de la pandémie de COVID-19, les gouvernements ont adopté des approches de gestion très diverses. La Suède, pour sa part, a connu des résultats sanitaires et économiques nettement moins négatifs que la plupart des autres pays, car elle n’a pas eu recours aux confinements. Le Québec a suivi les conseils internationaux donnés par la société d’experts-conseils McKinsey, ignorant son propre Plan des urgences infectieuses de 2001 et les experts provinciaux de la santé qui n’avaient pas prévu de confinement pour faire face à une pandémie.
Alors que le gouvernement Legault a volontairement mis de côté la sagesse de ses experts provinciaux, la centralisation de ces décisions en matière de santé avec l’OMS ne permettra même pas aux gouvernements de prendre leurs propres décisions en fonction de leur situation particulière. Ces changements se produiraient sans aucun recours pour les Québécois, puisque les décisions seraient prises à l’extérieur du pays et que nos citoyens et nos organisations n’auraient aucune possibilité de se défendre contre des politiques malavisées imposées par l’OMS aux pays signataires.
Il y a eu peu de participation démocratique à l’élaboration de l’Accord. La députée fédérale Leslyn Lewis a écrit au ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, exprimant ses préoccupations sur les répercussions potentielles de l’Accord et sur le processus (ou l’absence de processus) utilisé pour l’adopter. Elle fait référence à l’Accord qui devient juridiquement contraignant pour les États signataires une fois que l’OMS a déclaré qu’il existe une urgence de santé publique – et cela sans aucun besoin de documenter qu’il y a des décès liés aux infections. Lewis reproche au gouvernement de ne pas avoir d’abord entrepris une évaluation approfondie de la réponse canadienne à la pandémie avant de conclure un accord mondial. Elle accuse en outre l’OMS de ne pas adhérer à ses propres règles pour présenter un projet final au moins quatre mois avant que les États membres ne votent sur ces instruments. Ce délai permettrait au moins de clarifier l’étendue de l’Accord et pourrait permettre aux Québécois de participer au processus par l’entremise de leurs représentants élus.
Une deuxième lettre de Réinfo COVID a été adressée à Luc Boileau, chef de la santé publique au Québec et négociateur pour le Canada en vue de l’Accord sur les pandémies. Des copies carbone ont été envoyées à M. Blanchet et Christian Dubé, entre autres. Réinfo COVID prévient que l’Accord signifie renoncer à la souveraineté en matière de santé en faveur d’une seule personne non élue à l’OMS. Toute référence aux libertés fondamentales et aux droits de l’homme a été supprimée du texte. Au lieu de cela, le mot « infodémie » est inventé pour déclarer que les informations qui ne sont pas conformes à la position officielle de l’OMS sont une « nuisance pour la santé ». L’OMS préconise un système de « certification numérique mondiale », un passeport médical qui serait utilisé pour restreindre la mobilité des Québécois en fonction de leur statut vaccinal. La lettre avertit également que l’OMS est en conflit d’intérêts en raison de son financement par des intérêts privés investis dans la vaccination en tant que principal outil de gestion d’une pandémie. Aucune réponse à cette lettre n’a été reçue par Réinfo COVID de la part de M. Blanchet.
Alors, est-ce que le Bloc québécois défend la souveraineté du Québec en ce qui concerne ses propres décisions en matière de santé ? Appeler le bureau d’une députée a donné lieu à une réaction perplexe : les conseillers politiques qui m’ont répondu semblaient ignorer l’Accord sur la pandémie et ne pouvaient faire référence à aucune position officielle du Bloc vis-à-vis de la cessation de notre souveraineté dans ce domaine. Au lieu de cela, ils ont parlé de leurs homologues provinciaux comme des personnes à qui parler. Des membres de Réinfo COVID ont fait de même, également avec des réactions de la part du député indiquant qu’il n’y a aucun danger par rapport à l’Accord. Qu’est-ce qui réveillera les bloquistes ensommeillés ?
Chaque pays peut formuler des réserves à l’égard de ces accords et donc indiquer clairement lorsqu’il est en désaccord avec l’une quelconque de ses dispositions. Il s’agirait d’un élément très important de la réaction du Canada à l’Accord sur la pandémie et d’une marge de manœuvre pour définir la position du Québec à l’égard de sa propre souveraineté et son approche sur des questions de santé. Un débat provincial et national doit avoir lieu si l’on veut qu’un tel accord ait une quelconque légitimité. Il est donc troublant et déconcertant que le Bloc ait été complètement absent de ce débat et qu’il ne semble même pas avoir l’intention de défendre le Québec contre cette nouvelle menace pour notre démocratie.