Avec quelques lacunes qui auront fait patienter longuement la base partisane et les intéressés, le parti Conservateur du Canada se voit enfin investi d’un nouveau chef : Erin O’Toole. En concurrence serrée avec son rival Peter Mackay, le Québec lui aura notamment fourni une impulsion significative afin d’accomplir une percée victorieuse.
À cet effet, il faut également saluer le discours absolument remarquable d’Andrew Scheer, promouvant un redoutable plaidoyer antisocialiste qui heurte de plein fouet l’hégémonie de gauche. Que ce soit la jeunesse endoctrinée, les médias traditionnels biaisés ou l’étatisme liberticide, le fond de la pensée d’Andrew Scheer était bien clair et tranché. Comme quoi, mieux vaut tard que jamais.
Cependant, la nomination d’Erin O’Toole n’est que le début d’une longue et périlleuse quête. En effet, bien qu’il soit à la tête du véhicule d’opposition, O’Toole doit désormais développer un ton politique adéquat afin de renverser Justin Trudeau et d’implanter la formation au sein du gouvernement fédéral. Sachant que les Conservateurs sont une coalition, formée de différentes factions idéologiques, alors un discours rassembleur devra être de mise, tout en conservant une certaine cohérence.
Également, il devra aller puiser en dehors des réserves du parti, afin de rejoindre une majorité de citoyens qui ont bien conscience du champ de ruine que lègue Justin Trudeau au pays. O’toole doit donc considérablement élargir la base, tout en conservant un ancrage conservateur.
Sachant l’unité nationale du pays en profonde rupture, alors il faudra rétablir les ponts nationaux à partir d’un grand chantier politique. En premier lieu, avec la nation québécoise. Soucieuse de conserver sa singularité culturelle, Erin O’Toole devra être à l’écoute des revendications québécoises, et ce dans une logique autonomiste.
Que ce soit à partir du contrôle de l’immigration, des mesures d’intégration, de la gestion du fait français et de la loi 21, O’Toole doit céder des parcelles de terrain à la nation québécois et faire preuve de bonne volonté. Ce faisant, le mouvement nationaliste québécois obtiendra des gains fondamentaux, tout en demeurant dans le cadre fédéral. L’autonomisme de la Coalition avenir Québec prouvera qu’une troisième voie est viable, et qu’une sécession de la province est futile.
Également, l’Ouest canadien nécessite une intervention en profondeur afin de stimuler l’exploitation des ressources naturelles et atténuer le sentiment d’aliénation. Il faut cesser la politique de l’autruche ; nous avons besoin des énergies fossiles et du gaz naturel, et ce dans une optique d’offre d’emploi, de revenus mais aussi tout simplement de fonctionnement national. Les alternatives vertes sont pour le moment peu efficaces, couteuses et paradoxalement dépendantes des énergies fossiles et gazières.
Une économie optimale nécessite donc l’exploitation de nos ressources naturelles, plutôt que d’une volonté hypocrite d’importation. La décroissance faiblarde n’est pas dans notre vocabulaire. Sachant les besoins réels en la matière, alors autant exploiter nos propres ressources naturelles, et ce dans une optique tout simplement de souveraineté. L’Ouest retrouvera sa vitalité économique, ce qui va dans le sens du bénéfice national.
Erin O’Toole se voit ainsi confronté à un grand chantier national s’il souhaite ravir le pouvoir aux libéraux. En effet, à la fois doit-il se construire une large base partisane, mais il doit également prendre en considération l’insécurité culturelle du Québec et l’aliénation économique de l’Ouest canadien. O’Toole doit réussir à façonner une politique qui aura la capacité de rassembler un électorat significatif et de réunifier le Canada, fragmenté par une crise nationale majeure que Justin Trudeau est assurément incapable de résoudre.
Une centralisation fédérale n’est pas la recette adéquate ; au contraire, un régionalisme attentif et une logique autonomiste permettront d’atteindre un compromis national salutaire. L’heure est à la réparation nationale ; O’Toole a une tâche cruciale qui l’attend.