François Legault, lors de la dernière élection, était tout sourire et fier du défi relevé. Sa jeune équipe de ministres nous démontrait, jour après jour, que les promesses faites devaient être tenues. Donc rapidement, la valse commence entre une annonce et un léger recul. Les pas de danse ne sont pas toujours aussi bien exécutés, mais les juges, cette population qui rêvait de changement, acceptent les faux pas sans trop décrier.
La lune de miel semble parfaite puis l’année 2020 s’annonce excitante et vivifiante. L’assemblée nationale fait une pose le temps des fêtes et du travail de terrain. Les journalistes sont heureux. Le premier ministre est ouvert au débat. Il répond prestement et sans détour aux questions, les réponses sont franches et ordonnées. Le mois de janvier passe et la reprise parlementaire devrait se faire sans encombre ni tumulte. Les courses à la chefferie des différents partis politiques sont lancées et c’est ce qui occupe l’espace publique. L’hiver est bien installé et les snowbirds sont déjà partis dans le Sud. Je rentre du Mexique pour nos vacances annuelles, mais une ombre se dessine. Nous entendons parler de ce microbe qui s’installe en Chine.
Dans l’insouciance et la distance, nous lisons sur le sujet, mais nous portons moins attention à ce qui se passe si loin de nous.
La catastrophe arrive trop tôt. Des pays subissent les affres de la maladie qui prend de proportions catastrophiques. Les avions volent encore et les microbes s’accumulent sur les poignées de porte. Nous venons de découvrir que notre Québec ne sera pas épargné.
Rapidement, étant donné de la situation, les pays définissent leurs mesures de confinement, l’établissement de règles strictes et l’importance de la distanciation sociale.
Puis d’un air serin, le premier ministre prend le micro et dévoile que le Québec sera mis sur pause. Rentrez chez-vous et restez-y
Nous découvrirons à chaque jour, un premier ministre qui a plus qu’un titre!
L’homme doit devenir rassurant, autoritaire, sensible et humain. Il aura à sa table, un coordonnateur de la santé publique qui loin d’être connu, deviendra l’idole que nous retrouverons sur des tabliers de cuisine et sur des tasses à café. La ministre de la santé propose un plan, des recommandations, et elle seconde son homme de confiance le Dr Arruda.
Je ne crois pas que l’on forme un premier ministre à une telle catastrophe planétaire. Devrons-nous inclure une formation en ce sens dans l’avenir? Le premier ministre Legault, cet homme de défi et de décision, n’a ni la verve ni l’élocution des grands leaders. Il n’est pas prédicateur, mais il doit redonner confiance et il doit gouverner pour le meilleur et pour le pire. Avec 89 cas de décès, nous sommes horrifiés, puis 500 et finalement 1500. Nos vieux, comme la crise les définis, meurent dans la solitude et dans la presque indifférence tellement ils sont nombreux. Le premier ministre ne doit pas dormir de longues nuits. Les réunions ont lieu aux petites heures afin de préparer le point de presse quotidien et l’annonce des nouveaux décès devient la norme.
Lors d’un accident, un agent de la paix doit frapper à la porte afin d’annoncer la mauvaise nouvelle. Je n’aimerais pas faire ce métier pour cette raison précise. Imaginez le premier ministre souhaiter ses sympathies aux gens qui viennent de perdre un proche, mais qui doit le faire pour cent nouveaux décès.
Tout comme les autres premiers ministre du Canada, il doit prendre des décisions, il doit envisager les risques, mais il doit également s’attendre a de nombreux nouveaux décès. Même si certaines personnes remettent en doute vos décisions, personne ne pourra prendre votre place pour des décisions déchirantes, des constats affreux et une population qui attend un miracle. Bonne chance à vous et merci de votre courage, car nous sommes sur le point d’en manquer.