D’abord, il y a eu le doute, puis il y a eu les faits, le monde a basculé et la terre s’est incendiée. Partout la mort, la peur, le désarroi, l’incompréhension et l’insoutenable ont déferlé sur le Québec. Une valse de convois funéraires, un manque de sacs mortuaires, des portes tournantes de la mort et des yeux dans lesquels se voient l’effroi et la douleur.
Voici ce que j’observe depuis le début de cette pandémie qui monopolise les chercheurs du monde entier. Les premiers ministres tardent à prendre des décisions, ce qui augmente les risques de propagation. Les conférences mal préparées qui sèment doute et confusion, incompréhension et inquiétude. Puis le jour arrive ou tout est mis sur pause » selon notre premier ministre ». Devant les faits qui s’accumulent sur son bureau, il décrit chaque après-midi le bilan de la journée ou de la fin de semaine. Il montre des graphiques, décrit des courbes, tente d’expliquer les conséquences de certains actes.
Mais, le virus est virulent et la non-préparation à un tel drame nous saute aux yeux. Il manque d’équipements et main-d’œuvre pour endiguer le virus. Les victimes s’accumulent et le constat est catastrophique. Nos vieux vont perdre la bataille sans avoir eu vent de la tempête. Un beau matin, ils ne reçoivent plus les soins indispensables à leur bienêtre, l’urgence est désormais le seul combat, pour ce qui est du quotidien, ils attendront !
Les portes se ferment, l’isolement s’installe et l’insoutenable attente commence. Les couches ne sont plus changées, la nourriture se fait attendre, l’eau manque dans les gobelets, mais trop faibles pour revendiquer quoi que ce soit, nos vieux s’affalent dans leur lit, ou sur leur chaise en attendant les préposés qui jadis prenaient soin d’eux.
Les visites sont interdites, désormais c’est par la fenêtre que les enfants doivent voir leurs parents mourir de peur et d’ennui. La population crie au scandale, le gouvernement crie à l’aide. Le personnel tombe au combat et ceux qui restent debout, sont sans ressource. C’est au personnel de crier à l’aide en attendant de pouvoir s’occuper dignement de M Caron ou de Mme Tremblay.
Les histoires d’horreur se multiplient, conteneur pour entreposer les corps, funérailles interdites à cause de la pandémie, inhumation remise aux calendes grecques, la cohue, sont partout et c’est par centaine que la société perd ses membres les plus fragiles. La demande est faite, l’armée viendra en renfort. Elle qui est habituée à vivre dans le stress des combats, entre dans des milieux plutôt hostiles et dangereux, mais la force et la détermination sont bien ancrées dans son entrainement aux situations d’urgence.
Le beau temps est de retour, la courbe du danger s’aplatit doucement et le message est plus positif. Le déconfinement est commencé, mais la peur est toujours dans les yeux des dirigeants qui nous donnent de nouvelles consignes. Le masque est désormais la norme et ceux et celles qui n’en portent pas reçoivent des regards de désapprobation et d’inquiétude. La chaleur inhabituelle de cette semaine a fait craindre le pire à ceux et celles qui doivent porter l’uniforme de combat. Les patients doivent subir un deuxième exercice d’évacuation, mais ils n’ont ni la force ni la détermination pour tenter la manœuvre. Le gouvernement cherche des échappatoires, des excuses, afin de pallier son incompétence. Où sont les directeurs et directrices de ces établissements, ou sont les preneurs de décisions ? Ont-ils ou elles une part de responsabilité ? Eux qui sont bien aux frais dans leur bureau climatisé. Le masque est parfait pour cette situation, il nous cache leur vrai visage, il nous soustrait à leur sourire en coin, mais il nous laisse entrevoir leurs yeux fuyants la réalité. Le masque est désormais non pas l’accessoire de protection, mais l’image de la peur.