Nicolas Gagnon est directeur pour le Québec à la Fédération Canadienne des Contribuables
Le Québec se bat depuis des décennies contre Ottawa pour protéger son autonomie. Mais alors que le gouvernement fédéral continue d’augmenter les taxes sur le carbone à travers le Canada, un nouveau combat se dresse à l’horizon.
En introduisant sa propre taxe sur le carbone par l’entremise d’un système plafonnement et d’échange, le Québec a bénéficié d’une exemption du gouvernement fédéral. Celle-ci pourrait avoir été de courte durée.
Et pour cause: Ottawa a récemment augmenté ses taxes sur le carbone dans des provinces qui bénéficiaient d’exemptions similaires.
Le 22 novembre, le gouvernement Trudeau a annoncé qu’il imposerait sa taxe carbone fédérale en Nouvelle-Écosse.
Cette province de l’Atlantique impose une taxe sur le carbone basée sur un système de plafonnement et d’échange similaire à celui du Québec. Malgré de multiples demandes d’exemptions et une démonstration claire que la Nouvelle-Écosse a réduit ses émissions de plus de 36 % depuis 2005, le gouvernement Trudeau a décidé d’imposer sa taxe sur le carbone à la province.
Cela signifie que le prix sur le carbone les Néo-Écossais paient à la pompe passera d’environ deux cents par litre d’essence à 14 cents par litre en juillet prochain. D’ici 2030, la taxe sur le carbone fera augmenter le prix de l’essence de 37 cents par litre.
La taxe fédérale sur le carbone du Premier ministre Justin Trudeau demeure plus élevée que celle du Québec.
Au Québec, la taxe coûte présentement environ neuf cents par litre d’essence et doit rester supérieure à 4,8 cents par litre l’année prochaine. Selon La Presse, la taxe provinciale québécoise sur le carbone devrait atteindre 23 cents par litre d’essence d’ici 2030.
Si Trudeau impose sa taxe fédérale sur le carbone, le prix de l’essence et les factures de chauffage augmenteront considérablement au Québec.
Le gouvernement Trudeau prétend que «les familles vont s’en sortir» avec sa taxe sur le carbone et son système de remboursement. Cependant, un rapport du directeur parlementaire du budget montre que la taxe fédérale sur le carbone coûtera au ménage moyen entre 402 $ et 847 $ en 2023, même après les remboursements.
Le Québec sera la seule province à ne pas être soumise aux hausses de la taxe sur le carbone de Trudeau. Mais son gouvernement a clairement indiqué que toutes les provinces devront augmenter leur tarification du carbone.
«Le gouvernement fédéral s’est engagé à veiller à ce que la tarification du carbone soit en place dans tout le Canada à un niveau de rigueur similaire», selon les documents récemment publiés.
Récapitulons : La Nouvelle-Écosse impose une taxe sur le carbone avec un système de plafonnement et d’échange similaire à celui du Québec. Les Néo-Écossais ont réduit leurs émissions de GES. Résultat: Trudeau augmente quand même le prix qu’ils paient à la station de service comme pour leur chauffage.
Si Ottawa peut marcher sur les plates-bandes de la Nouvelle-Écosse, alors qu’est-ce qui l’empêche de s’ingérer dans les affaires environnementales du Québec ? Qu’est-ce qui empêche Ottawa d’augmenter les prix de l’essence et les factures de chauffage au Québec ?
Le gouvernement Trudeau s’est toujours montré hostile face aux revendications autonomistes des Québécois. Qu’il s’agisse d’immigration ou de transferts de santé, le Québec doit constamment se battre pour faire respecter ses champs de compétence.
Pourquoi le scénario serait-il différent pour les taxes sur le carbone ?
Les politiciens québécois doivent lutter contre l’ingérence potentielle et les hausses de taxes fédérales. Le premier ministre François Legault l’a pourtant fait en 2019.
« Nous pensons que cela devrait être du ressort des provinces et qu’elles devraient décider comment appliquer un coût au carbone », avait déclaré Legault, alors que son gouvernement contestait la taxe carbone fédérale devant les tribunaux aux côtés de l’Alberta, de la Saskatchewan et de l’Ontario
C’était vrai en 2019. C’est encore vrai aujourd’hui.
Trudeau augmente la taxe sur le carbone partout au Canada et les contribuables québécois doivent s’inquiéter que ces hausses de taxes puissent avoir lieu ici. Ottawa doit respecter l’autonomie du Québec, et les Québécois ont besoin d’avoir des politiciens qui se battent contre l’ingérence du gouvernement fédéral.