Depuis le début de la pandémie, on m’a demandé d’être modérateur, je ne suis pas le seul, sur certaines pages Facebook d’élues/élus de la Coalition Avenir Québec. Ce rôle ne consiste pas à bloquer systématiquement les trolls, ce que je ferais tout naturellement s’il s’agissait de ma propre page, mais surtout à éviter les débordements complotistes, racistes, insultants et scatologiques dans certains cas.
Autant dire que depuis des semaines, des commentaires j’en ai lu plus que je n’aurais voulu le faire en temps normal. Mais voilà, nous ne vivons pas un temps normal. Des commentaires positifs, heureusement très majoritaires, et du pire, heureusement minoritaire. Malgré tout, après la crise, j’aurai peut-être besoin d’une thérapie pour cause de syndrome post-traumatique afin de retrouver mon équilibre après autant de bêtises, de haine, de complots.
J’ai vu passer la quasi-totalité des théories sur la COVID-19, de la chauve-souris au labo chinois, de la chloroquine miracle au Lysol de Trump, d’Horacio Arruda suppôt de l’OMS elle-même inféodée à la Chine, à Legault responsable de tous les maux de la Terre et même plus si je me fie à Lucie Laurier. Sans oublier les satanées tours de communications pour la G5 et cette théorie selon laquelle nous vivons dans la Matrice et que rien n’est vrai : le virus, la pandémie, les morts, le confinement… Bref, les fous ont pris le contrôle de l’asile. Pour eux, il n’y a pas de confinement qui tienne, ils ont envahi, plus qu’à l’habitude, l’espace numérique public, c’est un raz-de-marée, que dis-je, une infection, pire, une pandémie!
Un exemple de ce défoulement général : sur sa page Facebook, le premier ministre François Legault partage un message avant chacun de ses points de presse. Pour les habitués, c’est généralement autour de ça que son propos du jour sera construit avant qu’il ne réponde aux habituelles questions des journalistes. Vendredi dernier (24 avril) n’a pas fait exception. Je n’y avais jamais porté attention, mais une dizaine de minutes avant le début du point de presse à 13h tapant, il y avait déjà près de 250 commentaires, et le PM n’avait encore rien dit! Ce jour-là, c’est plus de 7 400 commentaires, uniquement sur son point de presse, qui se sont affichés.
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Il y a quand même du bon. Depuis que la Suède est aux prises avec une hausse vertigineuse de cas de la COVID-19, les partisans du modèle libertaire suédois ont regagné leur sous-sol pour s’y rouler en boule, silencieux.
Depuis que le bon docteur Julien et l’Association des pédiatres militent pour un retour des enfants à l’école, les complotistes qui voient les enfants comme des cobayes sont moins audibles.
Depuis qu’un chroniqueur de gauche, Patrice Lagacé de La Presse, a dénoncé les outrances du corporatisme syndical, ceux-ci ont rangé tambours et trompettes et revendiquent en sourdine.
Depuis que des journalistes ont fait leur boulot en démontrant l’inutilité de comparer le Québec avec l’Italie, la France ou les États-Unis qui ne comptabilisent pas leurs morts avec la même méthode, les accusateurs du modèle québécois cherchent une autre cause.
Depuis qu’un journaliste de la Presse canadienne a demandé à François Legault si «sa Loi 21 sur la laïcité de l’État» s’appliquait toujours avec la recommandation de porter un masque, je ris chaque fois que je me repasse le clip!
Depuis que j’ai entrepris d’écrire ce texte, je n’ai lu aucun commentaire de troll!
Sur ce, portez-vous bien, #çavabienaller !
