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L’inacceptable crise de la SAAQ, et comment la régler

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La Société de l’assurance automobile du Québec et le système de santé québécois ont désormais un point en commun. Dans les deux cas, vous faites la file pendant plusieurs heures sans vous faire servir, et vous payez pour.

En déployant la nouvelle plateforme SAAQclic, la SAAQ espérait réduire le temps de traitement des dossiers des automobilistes en rendant plus de 20 services disponibles directement en ligne.

Malgré une facture de 458 millions, les erreurs informatiques qui se sont accumulées depuis le lancement de la plateforme ont eu raison des efforts de la société d’État.

Résultat: des milliers de Québécois incapables d’accéder à leur dossier en ligne font la file pendant des heures pour un simple renouvellement de permis ou de leur immatriculation.

La crise est telle que la ministre du Transport Geneviève Guilbault a été forcé d’annuler son voyage en Europe et de déployer une série de mesures d’urgence, allant de l’embauche de 150 fonctionnaires jusqu’à la prolongation de la validité des immatriculations temporaires.

Les intentions sont bonnes, mais les mesures sont loin d’être suffisantes.

Si Guilbault veut régler la crise et alléger le fardeau administratif de la SAAQ, de véritables mesures draconiennes doivent être envisagées. En ce sens, elle doit suspendre les frais de renouvellement des permis de conduire des Québécois pour l’année 2023.

À défaut d’être servis, les Québécois ne devraient pas payer. Une telle compensation viserait juste, et pour plusieurs raisons.

Faut-il rappeler que les conséquences du cafouillage à la SAAQ dépassent largement le supplice de la file d’attente interminable?

Des automobilistes sont incapables de récupérer leurs voitures à la fourrière.

De nombreux camionneurs craignent de ne plus pouvoir se rendre aux États-Unis si leur permis ne sont pas renouvelés le 31 mars prochain. Certaines compagnies de camionnage s’attendent même à des impacts sur les chaînes d’approvisionnement.

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. Combien de Québécois ont été lésés par cette histoire jusqu’à maintenant? Combien ont dû manquer une journée de travail car la SAAQ ne pouvait les servir?

Il ne fait aucun sens que de charger des frais à des automobilistes qui paient déjà le prix de cette crise.

D’ailleurs le cafouillage cache un autre problème: chaque mois, près de 500 000 automobilistes doivent renouveler leur permis de conduire au Québec, pour un total de près de 5,7 millions annuellement.

Et pour cause: le Québec est la province canadienne où les droits liés aux permis de conduire doivent être acquittés annuellement. Dans le reste du pays, le permis est généralement valide pour cinq ans.

Avant 2010, les Québécois ne devaient acquitter leur permis qu’à tous les deux ans. Mais le gouvernement Charest à l’époque a décidé de doubler les charges en imposant le paiement annuel.

L’intention était simple: remplir les coffres de l’État en utilisant les frais annuels comme une taxe cachée.

Cela a toutefois mené à une augmentation importante des frais d’administration de la SAAQ. Entre 2011 et 2021, les coûts de gestion sont passés de 364 millions à 498 millions, une hausse de 36%.

En plus d’offrir une compensation financière via la suspension des frais de renouvellement des permis de conduire, le gouvernement de François Legault devrait aussi songer à un retour à l’ancien régime.

Ramener le paiement des permis à une base bi-annuelle pourrait sauver de l’argent aux automobilistes comme à la Société de l’assurance automobile du Québec.

Le cafouillage informatique aura servi une sévère leçon au gouvernement du Québec, qui constate maintenant que sa transition numérique n’aura rien d’un jeu d’enfant.

Avant de miser sur une transition coûteuse et risquée, le gouvernement doit alléger ses charges administratives. Qu’il commence par la SAAQ.

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