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N’ayons pas peur

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Je vais utiliser les quelques minutes que vous prendrez pour lire ce texte pour rappeler que nous, les Québécois, nous avons vécu d’autres crises. Je dirai même que nous avons tellement vécu de bouleversements que nous n’avons plus à avoir peur.

Le simple fait que nous parlions encore français est le résultat d’une assez longue gestion de crise qui dure depuis 260 ans. Une gestion de crise qui a aussi demandé des sacrifices.  Vous en parlerez aux mères qui auront élevés des dizaines d’enfants pour pas que notre peuple s’éteigne. Vous en parlerez aussi à tout ceux qui auront vécu sur un territoire pas toujours accueillant, parfois farouche. Un peuple tellement travailleur qui, comme le disait Jean Lapointe dans la série Duplessis, n’avait pas le temps de lire Karl Marx. N’ayant pas non plus lu Hitler, nous avons donc toujours combattu dans les plus grandes guerres du 20e siècle.  Toujours dans l’intérêt, oui disons-le, impérial et sans jamais attendre quelque chose en retour.

Notre peuple est un peuple digne.  S’il n’y a pas grand monde qui connaît notre histoire, c’est parce qu’on n’est pas des chialeux qui vont utiliser le passé pour diriger plus fermement l’avenir. Les Québécois ont toujours joué selon les règles, parfois de manière naïve, mais toujours de manière honnête. Si nous sommes quelque chose comme un grand peuple, c’est surtout pour ça; nous avons toujours su nous défendre selon les règles de manière pacifique. Les rares fois ou certains ont usé de la violence, cela n’a jamais été payant pour nous. Les années de vache maigres post rébellions en sont bien la preuve. La résilience n’est pas un secret pour nous. Nous avons toujours encaissé les meilleurs coups, sans en donner, parce que nous savons que le secret de la vie,  ce n’est pas les coups qu’ont peut donner, mais ceux qu’ont peut encaisser.

Tout cela pour arriver à la nouvelle grande crise, le coronavirus. Écoutez, si nous avons survécu à contre courant de l’Histoire comme cela, c’est parce que nous sommes plus fort que n’importe quel virus. Si cette crise est mondiale, c’est seul face à nous même que nous l’aurons traversé. Donc, peu importe que nous choisissions le confinement prolongé, quitte à détruire l’économie, ou des options pour l’immunité collective, qui coûteraient inévitablement quelques vies, nous n’avons pas à avoir peur parce que oui, ça va bien aller.

Une fois la pandémie terminée, la vie reprendra son cours et au dépressions feront place le goût de vivre plus fort que jamais. Le goût de partir en vacances, des bois de la Gaspésie jusqu’au sud. Le goût d’aimer et de célébrer, plus que jamais, la liberté nouvellement récupérée. Et peut-être même, le goût de pleurer et réconforter les endettés. À tout ceux qui aujourd’hui ne peuvent pas se réunir une dernière fois avec leur parents, leurs conjoints ou leurs amis, je vous dis de ne pas désespérer. Un jour viendra ou les Québécois pourront pleurer leurs morts dans le réconfort d’un sanglot à une seule voix. La liberté reviendra, comme elle est revenue après toutes ses disparitions. Quand elle frappera à notre porte, savourons plus que jamais tout le temps qu’elle passera avec nous.

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