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« Nous apprenons du Québec » : quand l’ouest résiste à Ottawa

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Une nouvelle sensibilité à l’égard du Québec se développe rapidement dans le reste du Canada. Longtemps considérée comme une province obstinée et profiteuse, notamment en raison d’une péréquation qui semblait aller à sens unique, le Québec semble jouir de plus en plus d’une forme de sympathie dans les provinces des prairies en raison des précédents de résistance qu’il a créés au sein du fédéralisme canadien. En effet, quand vient le temps de s’opposer à Ottawa, le Québec devient naturellement le guide le plus expérimenté.

Ainsi, dans un contexte de gouvernement libéral woke qui poursuit un agenda vert radical en contradiction profonde avec les intérêts de l’ouest, les sphères politiques conservatrices s’inspirent de plus en plus du Québec.

De nombreuses de mes connaissances en Alberta et en Saskatchewan ne le cachent pas et affirment ouvertement : « we are learning from Quebec » (Nous apprenons du Québec).

Cette forme de solidarité des tactiques, enclenchée l’an dernier par l’adoption de la « Loi sur la souveraineté de l’Alberta dans un Canada uni » par Danielle Smith (qui ne rend pas la province indépendante, mais affirme son intention de pousser son indépendance jusqu’au limites du cadre constitutionnel), a été consolidée la semaine dernière, avec la nouvelle réglementation fédérale sur l’électricité propre, qui place la province dans une précarité énergétique semblable à celle du Québec, qui prévoit manquer d’électricité à partir de 2027 en raison de politiques de transition trop agressives.

Du jour au lendemain, l’Alberta et certaines provinces des prairies, qui sont pourtant très confortables sur le plan énergétique, ont commencé à parler de futurs déficits et d’une éventuelle faillite du réseau électrique. La nouvelle s’est propagée dans tout le pays, et les grands titres posaient la question « est-ce que le réseau électrique canadien va tomber? »

En somme, le reste du Canada expérimentait pour la première fois les débats sur l’énergie au Québec depuis un an, où des gouvernements trop pressés et intransigeants ont réussi, à force de signalement de vertu, à saboter la sécurité énergétique sur le moyen-terme.

Mais si le Québec disposait déjà d’une électricité hydroélectrique à 94%, répondant ainsi pour une large part aux objectifs de transition, l’Alberta, pour sa part, produisait encore 47% de son électricité au charbon jusqu’en 2018, un chiffre qui était tombé à 17% en 2022. La diminution est significative et encourageante, mais voilà où le bât blesse : la majorité de sa transition du charbon se fait vers le gaz naturel, qui semblait d’abord avoir été exclu de la nouvelle réglementation fédérale, qui vise à atteindre un réseau électrique à zéro émission d’ici 2035, pour ensuite être réadmis sous certaines conditions.

Quoiqu’il en soit, on vient de créer une situation absolument intenable pour l’Alberta. Si, en plus du charbon, elle doit abandonner le gaz naturel ou se plier à des demandes réglementaires déraisonnables, elle se retrouvera sans l’ombre d’un doute en déficit énergétique très rapidement.

Mais, comble de l’ironie, cette transition du charbon vers le gaz naturel dans le reste du Canada est probablement celle qui engendre le plus de diminution des émissions de GES au pays! Tenter de nuire au gaz naturel, à terme, fera en sorte qu’il sera beaucoup plus difficile de trouver une énergie de substitution, avec résultat une baisse moins marquée des émissions de CO2 au niveau national.

Notons d’ailleurs que le gaz naturel est reconnu comme une énergie de transition selon les accords de Paris et qu’il est vu comme tel partout dans le monde ; seulement une inflexibilité doctrinaire et un zèle radical de la part de nos gouvernements au Canada peuvent expliquer cette croisade insensée qui est en train de mettre à mal notre potentiel de développement.

Ainsi, ce n’est pas sans raison que la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a déclaré que sa province ne se plierait pas à cette nouvelle réglementation et que les réactions furent semblables en Saskatchewan. Le NPD de Saskatchewan s’est même opposé au NPD au fédéral en déclarant que 2035 était beaucoup trop tôt, et qu’il faudrait plutôt repousser la date à 2050!

En réponse, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a bel et bien modéré l’étendue d’action de la loi, affirmant que le gaz naturel pourrait être utilisé, mais il y ajoute néanmoins des réglementations très strictes, notamment une limitation des émissions à 30 tonnes de CO2 par GW/h annuellement et la nécessité de coupler la production électrique avec du captage de carbone. Au total, des conditions inacceptables pour de nombreuses provinces et territoires.

Scott Moe, premier ministre de Saskatchewan, déclarait d’ailleurs en mai dernier « qu’en Saskatchewan, nous ne tenterons pas l’impossible en ce qui concerne la production d’électricité dans notre province. Nous ne prendrons pas le risque de plonger nos foyers, nos écoles, nos hôpitaux, nos centres de soins spéciaux et nos entreprises dans le froid et l’obscurité à cause des caprices idéologiques d’autres personnes ».

Du côté de l’Alberta, la ministre de l’Environnement Rebecca Schulz déplore une ingérence du fédéral dans les compétences des provinces, ce qui justifie le refus de la province de s’y plier : « Les projets de règlement sont inconstitutionnels, irresponsables, irréalistes… Ils ne seront pas mis en œuvre dans notre province. Un point c’est tout ».

Au Nunavut, aussi, qui dépend largement d’une électricité au diesel, le premier ministre, P.J. Akeeagok, exprime aussi de fortes inquiétudes : « Il est évident que nous sommes très préoccupés par le fait de ne pas avoir la possibilité de fournir de l’énergie ferme à nos communautés. L’énergie solaire et l’énergie éolienne, aussi formidables soient-elles, fournissent une énergie intermittente qui n’est pas compatible avec l’environnement dans lequel nous nous trouvons. »

Bref, encore une fois, les lois fédérales entrent en contradiction avec les intérêts des provinces. Et encore une fois, par excès de bonne volonté, on est en train de mettre à mal la viabilité économique du pays et saboter son potentiel de développement. Tout comme les tergiversations obstinées de Legault et Fitzgibbon au Québec, qui risquent de bientôt plonger la province dans les pénuries, les pannes, l’obscurité et le froid, le gouvernement Trudeau tente d’imposer un régime similaire aux provinces de l’ouest, qui n’ont rien demandé. Heureusement, il semblerait que la résistance du Québec contre les tendances centralisatrices d’Ottawa profite désormais aux autres provinces, qui en mesurent désormais la valeur et la vertu.

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