Depuis plus de 10 mois désormais, François Legault surplombe le Québec avec un pouvoir sans commune mesure dans l’histoire de la province. En effet, grâce à l’état d’urgence sanitaire, il n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit. Son conseil des ministres, les députés démocratiquement élus de l’Assemblée nationale, les tribunaux… François Legault n’a présentement pas de contrepoids afin de freiner son arbitraire démesuré. En conséquence, la société québécoise est littéralement à sa merci. La concentration du pouvoir en ses mains relève d’un profond déséquilibre démocratique.
Si, au moins, une telle concentration était justifiée par un confinement efficace et fonctionnel, alors elle aurait déjà un peu plus de légitimité. Or, ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, le Québec est l’État en Amérique du Nord qui a appliqué le confinement le plus drastique qui soit, tout en ayant le bilan le plus désastreux en la matière. Un tel paradoxe prouve amplement que quelque chose ne cloche pas. L’excès du politique n’est pas gage de réussite ; au contraire, il tend plutôt à annihiler des droits et libertés sans justifications soutenables.
La démocratie n’est pas seulement fondée sur la séparation des pouvoirs, elle se fonde aussi sur la pluralité des voix. Il n’existe pas une seule vérité absolue mais bien une pluralité d’idéologies qui s’entrechoquent. Or, en ce moment, le discours sanitairement correct se déploie de façon écrasante dans l’espace public. Un redoutable dispositif est mis en place : toute critique des mesures sanitaires apparait comme une espèce de pathologie. Pour preuve, tous les partis d’opposition à l’Assemblée nationale sont muets comme une carpe et n’osent pas critiquer les dérives explicites du gouvernement. Pire encore, nous sommes rendus à un tel point que même Québec solidaire apparait comme étant une opposition crédible, un indicateur que le monde est clairement à l’envers.
L’unanimisme troublant de l’Assemblée nationale relève la faille démocratique du Québec : il est absolument faux que tous les québécois sont en faveur des mesures sanitaires de la CAQ. Au contraire, une partie considérable du peuple constate que le confinement et le couvre-feu sont à a fois inefficaces, destructeurs et liberticides. Le problème, c’est que cette frange de la population est bien souvent marginalisée et ridiculisée par les dispositifs en place, notamment politiques et médiatiques. Également, le seul parti qui les représente, le PCQ de Éric Duhaime, n’a pas de représentation institutionnelle pour le moment. Dans les temps à venir, il faudra déployer l’opposition au sein de l’Assemblée nationale afin de frapper l’unanimisme factice de plein fouet. Également, il faudra remettre en question ce système politico-médiatique qui pathologise toute critique du régime sanitaire, même les plus légitimes. Ce dispositif possède des relents de totalitarisme ; il n’a pas sa place dans nos sociétés.
Le Québec vit présentement une grave crise démocratique. L’Assemblée nationale devrait être garante de la pluralité des voix ; or, en ce moment, elle embrasse l’unanimisme sanitaire, sans critique de fond. Lorsque Gabriel Nadeau-Dubois remet en question les directives du gouvernement, alors il se fait traiter de complotiste et de trumpiste en retour, ce qui est bien évidemment absurde. Le dispositif en place refuse toute critique substantielle des mesures sanitaires, ce qui va à l’encontre des bases démocratiques. Une part significative de la population n’est pas représentée en ce moment, à la fois dans les médias et les institutions politiques ; ces facteurs sont les ingrédients adéquats pour une crise de la représentation, c’est à dire le populisme.