Traduit de l’anglais. Article de Mark Daniell publié le 20 avril 2024 sur le site du Toronto Sun.
Alors que le gouvernement fédéral dévoilait son dernier budget, les libéraux de Justin Trudeau ont révélé leur intention d’explorer de nouveaux moyens d’accroître l’accès à la propriété, y compris l’adoption de « prêts hypothécaires halal ».
Selon le budget fédéral de cette semaine, le gouvernement libéral a révélé qu’il « étudie de nouvelles mesures pour élargir l’accès à des produits de financement alternatifs, comme les hypothèques halal ».
Le prélèvement d’intérêts va à l’encontre de la foi islamique et les gains financiers réalisés grâce aux intérêts sont considérés comme injustes aux yeux de la charia. Un « prêt hypothécaire halal » permet toujours aux prêteurs de réaliser des bénéfices grâce à un ensemble de conditions différentes qui peuvent inclure un prix global plus élevé pour la maison d’une personne (essentiellement en incluant les gains de croissance futurs dans le prix de vente), en s’engageant dans un modèle de location-vente ou en établissant un partenariat entre un prêteur et un propriétaire qui revient lentement à ce dernier au fil du temps, à mesure que les paiements sont effectués.
Mohamad Sawwaf, cofondateur et PDG de Manzil, une institution financière islamique basée à Toronto, affirme que les « hypothèques halal » sont identiques aux hypothèques traditionnelles.
« C’est le processus et la documentation qui rendent la transaction halal », a-t-il déclaré à CTV News en 2022.
« Les personnes qui obtiennent des hypothèques islamiques paient toujours un montant comparable à celui qu’elles paieraient si elles obtenaient une hypothèque conventionnelle. C’est juste que la structure de ces hypothèques est différente », a déclaré Walid Hejazi, professeur agrégé d’analyse et de politique économiques à la Rotman School of Management de l’université de Toronto, à la CBC.
Les libéraux ont déclaré que les changements pourraient se traduire par des ajustements « dans le traitement fiscal de ces produits ou par une nouvelle réglementation pour les fournisseurs de services financiers ».
Les musulmans représentent près de 5 % de la population canadienne et leur nombre a plus que doublé depuis 2001. En 2022, un groupe encourageant les musulmans canadiens à voter aux élections de l’Ontario a prédit qu’ils influenceraient le résultat dans près de 50 circonscriptions provinciales.
Le mois dernier, les autorités fédérales ont commencé à consulter les fournisseurs de services financiers « pour comprendre comment les politiques peuvent mieux répondre aux besoins de tous les Canadiens qui cherchent à devenir propriétaires ».
Une mise à jour du programme est attendue plus tard dans l’année, dans la déclaration économique de l’automne 2024.
La nouvelle ayant fait la une des journaux ces derniers jours, les Canadiens ont réagi à ce plan avec un mélange de confusion et de colère sur les médias sociaux. Nombreux sont ceux qui ont qualifié la proposition de « stratagème désespéré » des libéraux pour s’assurer davantage de voix et qui ont demandé que la religion soit tenue à l’écart de la politique.
« La bigoterie mise à part, il ne s’agit que d’hypothèques à taux fixe avec une gymnastique mentale pour tromper Dieu », a écrit une personne sur Reddit.
« Je suis moi-même musulman, mais je ne comprends pas pourquoi les Canadiens s’intéressent à cet aspect de la charia. Les musulmans qui ont immigré ici l’ont fait en pleine connaissance du fonctionnement de la finance occidentale », a ajouté une autre personne. « Ce n’est rien d’autre que de la manipulation de la part du gouvernement libéral ».
« Si quelqu’un veut s’installer au Canada, il doit s’adapter à la façon dont nous fonctionnons dans notre pays, et non l’inverse », a écrit un troisième.
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La députée du Bloc Québécois Marilène Gill a demandé pourquoi les « hypothèques halal » étaient « incluses dans le budget » et a accusé les libéraux de proposer une « solution sur mesure » après qu’un groupe musulman a menacé de supprimer un don de 680 000 dollars au parti.
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