Procès de l’ex-employé d’Hydro-Québec accusé d’espionnage : Yuesheng Wang devant la justice

Depuis plusieurs années, les services de renseignement canadiens multiplient les mises en garde contre la montée des activités d’espionnage économique menées par la Chine au pays. Après une série d’enquêtes et de scandales ayant révélé l’ampleur des tentatives d’ingérence étrangère, un premier grand procès s’ouvre aujourd’hui à Montréal. La Presse Canadienne rapporte que le procès de Yuesheng Wang, ancien employé d’Hydro-Québec accusé d’espionnage économique au profit de la Chine, s’est ouvert ce lundi 6 octobre 2025. Il s’agit du premier procès tenu au Canada en vertu de la Loi sur la protection de l’information pour un cas d’espionnage industriel lié à une puissance étrangère.

Un dossier emblématique de la menace d’ingérence chinoise

Selon La Presse Canadienne, Wang avait été arrêté en novembre 2022 à la suite d’une plainte déposée par la division de sécurité corporative d’Hydro-Québec auprès de la GRC, déclenchant une enquête du groupe de la sécurité nationale. Ce chercheur, qui travaillait au Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie (CEETSE), aurait utilisé frauduleusement des ordinateurs de la société d’État pour transférer à la Chine des informations stratégiques sur la technologie des batteries et le stockage d’énergie.

Wang fait face à plusieurs chefs d’accusation, dont utilisation frauduleuse d’un ordinateur, obtention frauduleuse d’un secret industriel et abus de confiance. En avril 2024, de nouvelles accusations ont été portées contre lui : il aurait commis des actes préparatoires au profit d’une entité étrangère et communiqué avec la République populaire de Chine à propos de ses intentions.

Devant la cour, Wang a soutenu que les informations transmises n’étaient pas secrètes, mais issues de sources publiques, et qu’il souhaitait « rester au Canada pour laver son nom et défendre sa réputation », rapporte La Presse Canadienne.

Rappel des faits et contexte plus large

Comme le rappelait Québec Nouvelles dans sa couverture initiale du 14 novembre 2022, cette affaire avait profondément choqué l’opinion publique québécoise, sur fond de tensions croissantes entre Ottawa et Pékin au sujet de l’ingérence étrangère. Notre enquête indiquait alors que les renseignements subtilisés concernaient exclusivement les domaines de recherche du chercheur, soit le stockage d’énergie et les batteries, et qu’il n’avait pas accès aux infrastructures critiques d’Hydro-Québec.

Toutefois, cette infiltration avait mis en lumière les vulnérabilités de la société d’État dans un contexte de compétition technologique mondiale. À l’époque, plusieurs observateurs s’étaient interrogés sur la possibilité que d’autres agents ou collaborateurs étrangers puissent encore opérer au sein d’entreprises publiques québécoises, tant la stratégie d’influence chinoise semblait systématique et bien organisée.

Dans un dossier plus vaste, la GRC avait déjà confirmé que des agents liés à Pékin avaient cherché à s’ingérer dans les élections fédérales de 2019 par des mécanismes de financement occultes. L’affaire Wang s’inscrivait donc dans une série d’incidents qui témoignaient d’une intensification de l’activité d’espionnage et d’ingérence chinoise au Canada.

Un procès aux implications politiques et stratégiques

Ce procès revêt une importance particulière pour le gouvernement fédéral, qui a promis depuis deux ans de mieux encadrer la sécurité des infrastructures critiques et la protection des technologies sensibles. Les conclusions de cette affaire pourraient influencer la manière dont les institutions publiques et les entreprises d’État coopèrent avec des chercheurs étrangers, notamment dans des domaines à forte valeur stratégique comme l’énergie, l’intelligence artificielle ou les technologies vertes.

Au-delà du cas individuel de Yuesheng Wang, cette procédure judiciaire met en relief la nécessité d’une vigilance accrue face à l’espionnage économique, qui touche désormais directement les piliers de l’économie québécoise. Le verdict attendu dans les prochaines semaines pourrait constituer un précédent juridique majeur dans la lutte contre l’ingérence étrangère au Canada.

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