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Un second mandat Trudeau et un pays d’autant plus divisé

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Les firmes de sondages nous annonçaient un gouvernement minoritaire, probablement Libéral ; cette prévision s’est bel et bien matérialisée lundi soir. Sans surprise, Justin Trudeau est de retour au pouvoir, avec un gouvernement minoritaire malgré tout robuste. Obtenant 157 sièges, il ne lui manquait que 13 sièges afin de former un gouvernement majoritaire. Le bilan plutôt impressionnant de scandales et d’échecs qui a eu lieu durant son premier mandat n’aura finalement pas été suffisant afin de renverser la tendance. Le parti Libéral enregistre tout de même une perte de 27 sièges dans l’ensemble du pays.

D’un point de vue strictement provincial, il suffit d’observer la carte du Québec afin de constater que la percée Libérale est essentiellement circonscrite dans les villes de Montréal et Laval. Cependant, à l’extérieur de la portion métropolitaine, les régions ont clairement embrassé la vague nationaliste de la CAQ et ont voté massivement pour le Bloc Québécois. Sans pour autant signifier directement une espèce de résurrection du mouvement souverainiste, cette dynamique s’inscrit plutôt dans une défense catégorique de la loi 21.

Cette séparation métropole/régions n’est pas nouvelle ; cependant, l’élection fédérale illustre politiquement deux univers fondamentalement distincts au sein du territoire québécois. D’un côté, Montréal dégage une vision multiculturaliste, bilingue et antinationaliste, tandis que les régions manifestent l’attachement à une culture commune, à la prédominance du français et à l’affirmation nationale. Il va sans dire que le facteur démographique joue un rôle fondamental quant à cet état des choses.

À noter également, la dissolution progressive de la députation Néodémocrate. Nous sommes manifestement bien loin de la vague orange de 2011, avec désormais un seul député restant dans l’ensemble du Québec, Alexandre Boulerice. Dans le même esprit, la percée des Verts fut essentiellement marginale, avec seulement trois députés dans l’ensemble du pays. Malgré tout, une certaine progression à surveiller. En ce qui à trait au PPC de Maxime Bernier, ce fut une cuisante défaite en Beauce, avec la victoire conservatrice de Richard Lehoux. La nouvelle formation politique ne s’avoue pas vaincue pour autant.

Au plan global, le Canada dans son ensemble apparait fortement fracturé. Le bloc de l’Ouest, dirigé par les conservateurs, n’entend guère adhérer aux politiques vertes que préconise Justin Trudeau. L’Ouest souhaite stimuler l’industrie pétrolière de façon décomplexée, ce qui pose problème vis-à-vis les restrictions environnementales des libéraux. En conséquence, cette impasse nourrit progressivement une tentation sécessionniste plutôt surprenante. Cette tentation sécessionniste pourrait même réciproquement alimenter le nationalisme québécois, et vice-versa, bouleversant l’équilibre artificiel du fédéralisme canadien.

D’un coté, à l’Ouest, une tentation conservatrice de se séparer du reste du Canada, et de l’autre, au Québec, un vent nationaliste qui refuse sa conversion au multiculturalisme d’État et aux valeurs canadiennes. Justin Trudeau devra impérativement prendre en compte cette nouvelle réalité, ce qui risque de poser de sérieuses difficultés quand viendra le temps de fédérer l’ensemble des provinces. Bien qu’on puisse considérer sa réélection comme une victoire politique, il n’en demeure pas moins qu’il se voit désormais au prise avec un Canada de plus en plus fragilisé et polarisé. Cette fois-ci, les déguisements et les « selfies » ne suffiront pas afin de colmater les fissures politiques de plus en plus profondes au sein du Canada.

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