Traduit de l’anglais. Article de Sabrina Maddeaux publié le 5 août 2023 sur le site du National Post.
La nouvelle stratégie de communication des libéraux fédéraux semble doubler leur tactique habituelle : faire croire aux Canadiens qu’il n’y a pas de problème et, en cas d’échec, leur reprocher de penser qu’il y a un problème.
En début de semaine, le Premier ministre Justin Trudeau a tenté d’affirmer que le logement n’était pas principalement une responsabilité fédérale, bien que plusieurs leviers clés alimentant la crise relèvent de la compétence fédérale – et qu’il ait déjà fait campagne sur l’accessibilité du logement.
Aujourd’hui, le nouveau ministre de la justice, Arif Virani, dit aux Canadiens que leurs inquiétudes concernant la criminalité ne sont peut-être qu’une vue de l’esprit. Il a déclaré à Reuters : « Je pense qu’empiriquement, il est peu probable que le Canada devienne moins sûr. Mais je pense que la pandémie donne l’impression que la sécurité des gens est davantage menacée ».
Les faits ne lui donnent pas raison. Selon un rapport de Statistique Canada publié la semaine dernière, « les crimes déclarés par la police au Canada, tels que mesurés par l’Indice de gravité des crimes (IGC), ont augmenté pour la deuxième année consécutive, en hausse de 4 % en 2022. L’ICS de la violence a augmenté en 2022, atteignant son point le plus élevé depuis 2007 ».
Au Manitoba, l’ICS a connu une hausse vertigineuse de 14 % en un an.
Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et le Québec ont connu des augmentations de six pour cent.
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Mais les crimes violents sont également en augmentation, en particulier dans les grandes métropoles. Au Canada, le nombre de vols qualifiés, c’est-à-dire de vols avec usage de la force, a augmenté de 15 % l’année dernière.
L’extorsion déclarée par la police, considérée comme un crime violent, a augmenté de 39 % l’an dernier. Il s’agit probablement d’une sous-estimation importante, car de nombreuses victimes d’extorsion, en particulier dans la nouvelle ère des cyber-attaques, ne signalent pas leurs attaques. Le taux d’extorsion est cinq fois plus élevé qu’il y a dix ans.
Le taux national d’homicides continue également d’augmenter, avec une hausse de 8 % en 2022, soit le taux le plus élevé depuis 30 ans.
En ce qui concerne les villes canadiennes, les données de la ville de Toronto montrent que les délits majeurs commis dans les transports en commun ont augmenté de 24 % depuis le mois de janvier. Il se passe rarement une semaine sans qu’une nouvelle attaque horrible ne fasse la une des journaux. En 2022, Vancouver a connu une augmentation de 12 % des crimes violents.
Dans les villes, il y a eu une augmentation indéniable des crimes violents aléatoires très médiatisés. Qu’il s’agisse d’une femme incendiée, d’un adolescent poignardé alors qu’il attendait le métro ou d’une jeune mère abattue en plein jour, l’énumération de toutes ces agressions troublantes, insensées et souvent terrifiantes dépasserait le nombre de mots dont je dispose pour cette chronique.
La criminalité aléatoire a un impact psychologique particulièrement néfaste sur les gens. Lorsque le Canadien moyen a le sentiment qu’il n’a aucun contrôle, que, quelles que soient les mesures qu’il prend, il ne sera pas en sécurité, il éprouve une peur particulière et exacerbée.
Lorsque cette peur s’installe, la criminalité devient plus qu’un problème de sécurité publique. Elle se transforme en un problème sociétal et économique plus vaste. Des études montrent que la criminalité aléatoire incite les gens à rester plus près de chez eux, voire à l’intérieur de leur domicile, ce qui freine l’activité économique et nuit aux petites entreprises en particulier.
Pire encore, une grande partie des crimes violents commis au hasard ces derniers temps auraient pu être évités : les auteurs de ces crimes sont souvent en liberté sous caution ou en probation, et ont souvent un lourd passé criminel. Les Canadiens ont raison d’être en colère parce que leur système judiciaire échoue manifestement, permettant aux criminels violents de récidiver encore et encore.
Ignorer ces préoccupations ou tenter de les minimiser n’est pas seulement de l’auto-sabotage électoral. Cela reflète, tout comme la non-réponse des libéraux à la crise du logement et aux préoccupations liées au coût de la vie, une classe dirigeante déconnectée des réalités de la vie dans le Canada moderne. Trop de nos dirigeants n’ont jamais eu à s’inquiéter de payer un loyer ou de ce que l’on ressent lorsqu’on dépend d’un système de transport public de plus en plus en proie à la violence.
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