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Le gouvernement doit bloquer le bannissement du gaz naturel dans les municipalités

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Depuis deux ans, les lobbys verts travaillent fort pour faire bannir le gaz naturel dans les municipalités. Non-contents d’avoir poussé le gouvernement à bannir l’exploitation et l’exploration des hydrocarbures, qui nous fait perdre des milliards en revenus potentiels, ils s’attaquent désormais aux paliers municipaux afin d’interdire aux citoyens de choisir eux-mêmes leur mode de chauffage. Ce faisant, ils mettent gravement en danger notre sécurité énergétique.

Une campagne d’usure

On se rappelle, en décembre 2022, cinq municipalités québécoises se sont alliées pour faire pression sur le gouvernement du Québec afin qu’il bannisse unilatéralement le chauffage au gaz naturel au Québec. Les villes de Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Petit-Saguenay, Prévost et Saint-Cuthbert déclaraient ainsi qu’elles allaient de toute façon le bannir dans leur ville, mais qu’un bannissement à grande échelle du gouvernement serait préférable.

Cette initiative a rapidement créé de l’angoisse chez le gouvernement, Hydro-Québec et Énergir, puisque le Québec s’enligne déjà vers des déficits énergétiques à partir de 2027. Dans les mois suivants, les pressions ont continué, notamment de la part de la Commission sur l’environnement de la ville de Montréal, qui demandait au gouvernement de bannir le gaz naturel « dans les plus brefs délais ». Ce à quoi Hydro-Québec a répliqué qu’elle priorisait plutôt la biénergie (un ratio de 30% au gaz naturel et 70% à l’électricité), puisque : «Si on allait dans une logique tout électrique (chauffage, grands bâtiments, etc.), ça créerait une demande qui est énorme. Ce n’est pas réaliste […] : il manquerait des lignes électriques, des postes…».

Mais surtout, Hydro-Québec craignait une « contagion » de ce genre de règlements municipaux à la grandeur de la province, ce qui serait tout à fait impossible à assumer aux vues du tarissement de nos surplus. Que Montréal bannisse le gaz naturel est déjà risqué, mais si toutes les autres villes suivent le pas, c’est assurément irréaliste.

En janvier suivant, c’était au tour de l’Association Québécoise des médecins pour l’environnement de demander l’interdiction des cuisinières au gaz, sous prétexte qu’elles causeraient de l’asthme chez les enfants. Une déclaration douteuse et contestée.

Et puis, vers la fin de l’année 2023, la ville de Prévost allait de l’avant dans son interdiction du chauffage au gaz, ce qui faisait réagir Énergir (ex Gaz-Métro) sous la forme d’une poursuite, qu’il a, par la suite, abandonné. Ça faisait donc de la municipalité la première à réellement bannir de nouveaux raccordements au gaz sur son territoire.

Toute cette pression pour bannir ce mode de chauffage essentiel lors des périodes de pointes a ainsi poussé le gouvernement, en janvier 2024, à passer un règlement rendant tout bannissement municipal du gaz naturel conditionnel à une approbation de sa part. Les villes ne pourraient désormais plus décider par elle-même, et devraient recevoir l’approbation de Québec. Une mesure raisonnable, considérant les enjeux majeurs que représente l’énergie au Québec depuis quelques années.

Acharnement montréalais

Malgré tout, en avril 2024, la Communauté métropolitaine de Montréal, qui rassemble 79 municipalités, a adopté un règlement pour bannir le gaz naturel qui devrait entrer en vigueur en janvier 2025. Or, le dossier est toujours en attente d’approbation par le gouvernement.

Une situation qui déplaît grandement aux activistes de la Coalition Sortons le gaz, qui voudraient plutôt que le gouvernement fonce tête baissée dans un bannissement mur-à-mur : « Ce délai est inacceptable parce qu’il entrave l’action climatique de la CMM et ralentit également l’élan des municipalités québécoises qui souhaiteraient aller de l’avant pour adopter un règlement semblable afin de sortir le gaz des bâtiments ».

Or c’est une affirmation assez ironique, puisque c’est justement cet « élan » que craint le gouvernement. Le Québec ne dispose pas des ressources énergétiques nécessaires pour bannir le gaz naturel dans l’ensemble de ses villes ; un « élan » – une autre manière de dire « contagion » – est précisément ce qu’il veut éviter. Et c’est probablement pour cette raison que le gouvernement est aussi hésitant à donner le feu vert aux 79 municipalités de la région de Montréal.

La CMM, pour sa part, déclare qu’elle a reçu la confirmation par Hydro-Québec que la société d’État serait à même de fournir l’énergie nécessaire à un tel bannissement, mais, comme nous l’avons vu, c’est une position que ne prend pas en compte l’effet d’entraînement d’une telle politique. Officiellement, Hydro-Québec recommande encore la biénergie.

Mais la Coalition Sortons le gaz, entêtée, persiste son travail de diabolisation du gaz naturel, sans vraiment comprendre son rôle dans la transition énergétique. Selon elle, il ne serait pas une énergie de transition : « parce qu’il contribue de manière significative aux émissions de GES du secteur des bâtiments et retarde la transition vers des énergies 100 % renouvelables ». Or, tout l’argument en faveur du gaz naturel repose sur le fait qu’en se substituant au charbon, extrêmement polluant, il permettrait de réduire de manière beaucoup plus significative les émissions mondiales, et ce, dans des proportions qui ne sont même pas comparables à ces bannissements municipaux du chauffage au gaz, qui sont très négligeables dans les émissions globales.

Sans parler du fait qu’une nation nordique comme le Québec ne peut pas se priver d’alternatives au chauffage électrique : c’est une question de sécurité. Nous n’avons même pas besoin de retourner à la crise du verglas de 1998 : de nombreux Québécois ont fêté Noël dans l’obscurité en 2022, et pour de nombreux d’entre eux, les foyers et cuisinières aux gaz ont été une bénédiction qui faisait des envieux.

Et que dire de son rôle pour amortir les périodes de pointe? Il serait tout à fait irresponsable de se priver de sources énergétiques au Québec alors qu’on se dirige droit vers les déficits. En ce sens, le gouvernement du Québec devrait prioriser la sécurité énergétique plutôt que les signalements de vertu qui, au final, n’auraient qu’un impact négligeable sur les émissions globales.

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