Le grand retour de l’armée : la CAQ est-elle légitime pour donner notre argent au complexe militaro-industriel ?

Ce n’est un secret pour personne : les tensions internationales sont plus exacerbées que jamais. La guerre en Ukraine, où la Russie s’est enlisée, Gaza, où Israël est décriée par un nombre croissant d’acteurs internationaux, sans oublier les nombreux autres points de tension à travers le monde. D’où l’importance, pour nos gouvernements, de moins compter sur le parapluie américain et de développer leurs propres capacités de défense.

Mais là où il y a lieu de se poser des questions, c’est encore une fois la CAQ qui nous ressort cette stratégie éculée consistant à subventionner une industrie que les médias présentent comme en pleine croissance, mais qui finit souvent par se révéler un pétard mouillé. On l’a bien vu avec Northvolt, censée révolutionner le monde avec ses batteries pour véhicules électriques, ou encore Lion Électrique, dont les autobus scolaires ont fait l’objet de rappels en raison de risques d’incendie.

Québec solidaire — il n’est pas coutume de le dire — a raison de tirer la sonnette d’alarme. Pourquoi diable le gouvernement Legault souhaite-t-il subventionner une industrie déjà multi-milliardaire ? Il ne s’agit pas d’être béatement contre tout achat d’armement, mais nous avons des raisons légitimes de nous interroger.

Récemment, Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement ont levé leurs règles internes limitant le financement de l’industrie militaire. Dans un contexte de tensions politiques, marqué notamment par le conflit à Gaza qui a mobilisé des militants antiguerre contre les actifs israéliens de la Caisse, cette décision donne l’impression d’aller à contre-courant de la tendance internationale.

S’agit-il d’une énième aventure destinée à tourner au désastre pour la CAQ ? Les ministres et donateurs du parti sont-ils en conflit d’intérêts ? Il faut dire que le complexe militaro-industriel québécois, bien que discret, exerce une influence considérable.

Plusieurs usines du Québec produisent des missiles exportés vers le Proche-Orient. Nous fabriquons aussi des blindés, des balles et des masques de protection. L’Université McGill, de son côté, mène depuis de nombreuses années des recherches sur les drones, ce que dénoncent régulièrement des associations étudiantes.

S’il faut apprendre à compter sur nos propres moyens et cesser de dépendre du parapluie nucléaire américain, cela devrait se faire dans la transparence. Il est probable que nous devions financer une industrie de guerre au cours des prochaines années, en prévision d’un conflit majeur avec la Chine ou la Russie. Mais François Legault est-il vraiment le mieux placé pour engager de telles dépenses publiques, lui dont le gouvernement traîne déjà les casseroles de Northvolt et de Lion Électrique ?

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