Richard Martineau, chroniqueur actif de Quebecor et figure essentielle du débat public québécois, ne laisse pas la gauche radicale indifférente. Polémiste expérimenté, il n’hésite pas à aborder des sujets sensibles de façon quotidienne et ne craint nullement les représailles en la matière. Ses interventions publiques contribuent grandement à la vitalité du débat et apportent un éclairage rafraichissant de l’actualité. Il faut dire qu’avec son franc-parler, Martineau n’a pas la langue dans sa poche et refuse de se plier tout bêtement au catéchisme de la rectitude politique.
Ces derniers jours, force est de constater qu’une tempête s’est abattue sur sa personne en réponse à sa chronique du 19 aout, « l’amour du marginal ». Digne du pire des blasphèmes, le chroniqueur avançait que de nos jours, l’homosexuel a perdu sa figure du marginal idéal et que c’est désormais le transgenre qui prend la relève. Pourtant, rien n’est plus banal que cet état de fait. Quiconque fréquente les milieux progressistes tels que le cégep du vieux-Montréal, l’UQAM ou le plateau Mont-royal ne pourra que reproduire avec facilité ce constat. La logique progressiste, sans fin, désire toujours aller plus loin, plus haut, plus fort. L’homosexuel, désormais normal au sein des milieux progressistes, perd de son aura marginale et rédemptrice. En conséquence, le transgenre se voit tout simplement naturel successeur de la logique progressiste.
Pour la gauche radicale, nommer cette simple vérité relève d’une infâme hérésie qui se doit d’être punie. Il faut bien comprendre qu’au sein de son système, il ne peut y avoir d’oppositions substantielles. Fervente ennemie de la liberté d’expression, la gauche radicale n’hésite pas à diaboliser instantanément son adversaire afin de le disqualifier pour ensuite le bannir du cercle de légitimité. Pour ce faire, elle multiplie passionnément les phobies. Transphobe, islamophobe, homophobe, la liste doit toujours s’allonger afin de faire taire toute critique. Il n’y a pas de débats de fond possibles. Il n’y a que des apôtres, guidés par la révélation progressiste, et des âmes errantes, égarées dans les ténèbres. Quiconque échappe volontairement à la sainte lumière ne peut qu’être un déséquilibré mental, rien de moins.
En osant écrire au sujet de l’homosexualité et des transgenres sans respecter rigoureusement les commandements de la rectitude politique, Richard Martineau bouleverse l’écosystème de la gauche radicale et fragilise son système dogmatique. En refusant sa nécessaire soumission, ce faisant, il refuse également l’accès à la seule Vérité possible, ce qui est tout simplement impardonnable et mérite châtiments. Après tout, comment peut-on refuser la voie vers la pureté, l’innocence, le Bien?
En résumé, le phénomène Richard Martineau met significativement en lumière le logiciel de la gauche radicale, sa façon d’opérer. Au nom de la tolérance, elle n’hésite pas à insulter, conspuer et salir. Au nom de la diversité, elle refuse toute opinion différente de la sienne, quitte à psychiatriser et diaboliser. Au nom de la paix, elle n’hésite pas à faire appel à la censure, voire à la mobilisation milicienne, quitte à utiliser les menaces et la violence. Au nom du Bien, tout mal lui est permis.