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Les accusations de crimes fédéraux auront-elles raison de Trump?

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Dans la foulée de la perquisition par le FBI dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago [survenu le 8 août 2022], un grand jury fédéral a rendu un nouvel acte d’accusation contre l’ancien président. Il fait face à 37 chefs d’accusation, dont 31 pour mauvaise gestion de documents classifiés après avoir quitté la Maison Blanche. Les autres, pour avoir entravé l’enquête sur le stockage des dossiers à son domicile de Mar-a-Lago en Floride.

Les 31 documents classifiés en cause [répertoriés en page 28] concernent l’activité militaire des États-Unis, les capacités militaires d’autres pays et l’information sur le renseignement. L’acte d’accusation lui reproche notamment d’avoir montré ces documents à d’autres personnes et mis la sécurité du pays en danger.

Les adversaires de Donald Trump souhaitent qu’il soit reconnu coupable en vertu de l’Espionage Act de 1917, une loi fédérale visant à interdire l’ingérence dans les opérations militaires, à prévenir l’insubordination dans l’armée et à empêcher le soutien aux ennemis des États-Unis en temps de guerre. Elle rend criminelle la transmission d’informations dans le but d’interférer avec le fonctionnement ou le succès des forces armées des États-Unis ou de promouvoir le succès de ses ennemis. Il faudrait toutefois pouvoir démontrer une intention malfaisante au-delà d’un cas d’omission ou de négligence bureaucratique.

Certains défenseurs de l’ancien Président avancent qu’il a peut-être décidé d’emporter certains documents pour se protéger d’éventuelles manœuvres du FBI et du Département de la Justice contre lui.

Quoi qu’il en soit, le Président des États-Unis détient le pouvoir de déclassifier formellement les documents pendant qu’il est en fonction. Ainsi, n’importe quel document peut, à sa discrétion, cesser d’être classifié.

En novembre 2022, Joe Biden a également été pris en possession de documents classifiés. Des avocats-conseils ont trouvé des documents datant de l’administration Obama dans un bureau du think tank Penn Biden Center que Biden utilisait à Washington. Trois jours plus tard, d’autres documents ont été retrouvés dans le garage de sa demeure du Delaware. À la différence qu’un vice-président [ce que Biden était lorsqu’il a saisi les documents en question] n’a pas le pouvoir de déclassifier les documents.

Idem dans le cas de l’ancien vice-président Mike Pence, chez qui des documents classifiés ont également été retrouvés, en janvier 2023.

Cependant, l’appellation « classifiée » ne signifie en soi rien de particulier. Aux États-Unis, la vaste majorité des documents sont de facto « classifiés ».

Cette accusation s’ajoute à la poursuite menée par le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, en lien avec les dépenses de la campagne Trump en 2016, et à celle de la chroniqueuse E. Jean Carroll, qui allègue avoir été violée par Trump dans une salle d’essayage d’un grand magasin de New York en 1996.

Il est difficile de ne pas voir en ce nouvel acte d’accusation une autre manœuvre politicienne de l’establishment politique [plus spécifiquement, mais pas exclusivement, Démocrate] pour miner ses chances de remporter la nomination Républicaine ou pour salir sa réputation au point de rendre sa victoire difficile ou impossible. C’est aussi un indicateur qu’on craint le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Ce dernier dénonce d’ailleurs une « militarisation » du Département de la Justice. Les partisans de Trump ne sont pas les seuls à voir dans la mise en accusation du principal candidat d’opposition le signe d’une démocratie en danger. Donald Trump est non seulement le favori dans la course à l’investiture Républicaine, mais aussi en avance dans les sondages contre Joe Biden.

Il faut noter le traitement de défaveur réservé à Donald Trump, qui n’est pas le seul à être ou avoir été impliqué dans des problèmes liés aux documents classifiés. Pensons aux fameux courriels qu’Hillary Clinton conservait sur un serveur privé. L’ancien directeur du FBI James Comey n’a jamais accusé Hillary Clinton de crimes, malgré sa gestion inadéquate de documents de sécurité nationale de haut niveau, invoquant qu’elle n’avait pas de mauvaise intention: « Nous estimons qu’aucun procureur raisonnable ne porterait une telle affaire en justice », avait-il dit.

Ce qui nous ramène au défi auquel font face les adversaires de Trump, devoir démontrer une intention malveillante.

Donald Trump est le premier président à faire face à de telles charges, mais il demeure résilient face à l’adversité. Il affirme qu’il fera campagne à partir de la prison s’il le faut. Elie Honig, analyste légal au réseau CNN, affirme que ce serait légalement possible.

L’exploit ne serait pas inédit: le tiers candidat Eugene V. Debs l’avait fait en 1920, alors qu’il était emprisonné en vertu de l’Espionnage Act pour avoir exprimé son opposition à l’engagement des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. À l’élection, Eugene V. Debs a reçu presque un million de votes, soit la meilleure performance du Parti Socialiste d’Amérique.

Au réseau MSNBC, Rachel Maddow vend involontairement la mèche en avançant que les Démocrates pourraient accepter de laisser tomber les charges moyennant que Trump accepte de se retirer de la course présidentielle.

Cette accusation constitue un développement assurément malvenu pour les visées politiques de Trump en 2024. Par contre, elle ne fait que rendre sa base plus militante et déterminée, réaffirmant qu’il est l’homme de la situation mandaté pour purger la classe étatique des corrompus. Ce développement pourrait toutefois contribuer à semer le doute et la division au sein du parti Républicain et de ses partisans, qui ont la hantise de voir se répéter le scénario 2020. Face à l’impopularité croissante de Biden, qui fait de son côté face à de sérieuses allégations de corruption [mais qui bénéficie d’une solide protection de l’establishment], les Républicains estiment que 2024 leur appartient. Chez ceux qui aiment Trump, il y en a qui pourraient commencer à le percevoir comme un pari trop risqué. Toutefois, ce n’est pas ce qu’indiquent les plus récents sondages.

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