Aujourd’hui, les électeurs d’Arthabaska sont appelés aux urnes pour choisir leur nouveau député à l’Assemblée nationale. Cette élection partielle, provoquée par la démission d’Éric Lefebvre en mars dernier, n’est pas seulement un scrutin local : elle est devenue un test politique où deux visions s’affrontent, incarnées par le Parti québécois (PQ) et le Parti conservateur du Québec (PCQ).
Le calcul du Parti québécois
Pour le PQ, cette campagne s’inscrit dans une stratégie provinciale plus large. Après sa victoire éclatante à Jean-Talon en 2023, le parti de Paul St-Pierre Plamondon veut faire d’Arthabaska un autre jalon symbolique de son retour en force. En remportant un comté historiquement caquiste, il chercherait à « marquer la tendance » et à consolider l’idée d’un élan irrésistible vers les élections générales de 2026.
Cette approche est compréhensible : les élections partielles peuvent être un laboratoire politique, permettant de tester des messages, d’éprouver des équipes locales et d’envoyer des signaux aux électeurs. Mais cette stratégie, en contexte, a aussi ses limites : le PQ est déjà bien placé dans les sondages pour remporter la prochaine élection générale. La course de 2026 lui offrira amplement l’occasion de conquérir de nouveaux territoires.
L’enjeu vital pour le PCQ
Pour le Parti conservateur du Québec, la signification de cette partielle est d’un tout autre ordre. Son chef, Éric Duhaime, n’a toujours pas de siège à l’Assemblée nationale. Sa victoire aujourd’hui représenterait bien plus qu’un symbole : elle lui donnerait une tribune officielle, un droit de parole institutionnel et une visibilité parlementaire que n’offre aucun micro extérieur à l’Assemblée.
C’est là une différence de fond : dans le cadre d’une élection partielle, il est légitime de considérer que le premier objectif devrait être de combler une absence de représentation. Le PCQ n’essaie pas ici de créer un momentum artificiel ; il tente simplement de donner à son chef la place qui lui revient dans le débat parlementaire.
Un rappel au PQ
Tout en comprenant que le PQ cherche à maintenir sa dynamique, il faut aussi reconnaître que cette circonscription n’est pas vitale pour lui dans l’immédiat. Remporter Arthabaska aujourd’hui, c’est priver le chef conservateur d’une voix officielle, alors que le PQ peut déjà envisager sérieusement de diriger le prochain gouvernement.
En d’autres mots : le PQ a tout à gagner en 2026 et n’a pas besoin de cet obstacle supplémentaire sur la route d’Éric Duhaime. Laisser au PCQ la chance de faire élire son chef aujourd’hui ne serait pas un recul stratégique pour le PQ ; au contraire, cela pourrait même être perçu comme un geste de respect démocratique, laissant chaque parti défendre ses idées dans l’arène parlementaire.
Verdict
Arthabaska ne décidera pas de l’avenir politique du Québec, mais le résultat de ce soir enverra un message clair. Si le PQ l’emporte, il pourra revendiquer un autre signe de sa montée en puissance. Si le PCQ l’emporte, il permettra à son chef d’occuper pleinement l’espace qui lui revient, enrichissant le débat politique à l’Assemblée nationale.
Dans un contexte où les élections partielles devraient avant tout viser à rétablir la représentation des citoyens, la candidature d’Éric Duhaime répond à l’esprit même de l’exercice. C’est pourquoi, sans ignorer la logique du PQ, il apparaît plus justifié que ce siège revienne aujourd’hui au chef du PCQ.