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Les mâles alpha sont-ils le problème, ou seulement la conséquence d’un mal plus profond?

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Au Québec, nous aimons notre petit monde rempli de controverses dans un verre d’eau. La dernière en date : ces mâles alpha, qui « influenceraient » les jeunes à devenir des chrétiens aux valeurs conservatrices, à aller au gym et à gagner beaucoup d’argent. Mais si en réalité, ces hommes n’étaient pas le reflet d’une société qui va mal? Et non seulement des causes du déclin de notre monde moderne?

Ils sont gros, ils sont musclés. Ils ont des valeurs dites « conservatrices ». Comme si c’était mal en soi. Il y a beaucoup à dire sur ces influenceurs d’un nouveau genre. Les mâles alpha, comme ils s’appellent, pourraient être considérés comme des caricatures de la masculinité « toxique », mais je préfère à la place les voir comme la version moderne d’Elvis Gratton. Une conséquence, et non une cause.

Vous connaissez cette série de films cultes? Création de Pierre Falardeau et de Julien Poulin, ce personnage grotesque, fervent fédéraliste, a des valeurs bien arrêtées sur les pauvres, les femmes, le racisme, le capitalisme. Le personnage est censé montrer la bêtise humaine par le biais d’un garagiste qui fricote avec la pègre et le Parti libéral. C’est aussi un homme profondément narcissique.

Pourquoi je vous parle de ça? Parce que ces mâles alpha, qui défraient la chronique depuis une semaine, sont le reflet moderne d’Elvis Gratton. Lorsqu’ils font de la politique, c’est de manière très caricaturale, et ceux-ci n’hésitent pas à parler franglais, si ce n’est pas carrément en anglais. Leur
« conservatisme » est aussi caricatural que stupide. Bref, de drôles de personnages qui montrent bien une société en déclin. Mais c’est plus compliqué que ça.

On a eu droit depuis une semaine à une véritable crise du bacon de la part de tous les radoteux que compte le Québec. Faire la liste serait trop longue, mais on peut mentionner ici un vendeur de pop-corn qui se prend pour un homme d’affaires incontournable, des influenceuses woke qui versent dans le racisme anti-blanc. Justement ce qui donne du carburant à la réaction en face.

Ces féministes contemporaines, dans leur tour d’ivoire, pensent voir dans les mâles alpha un inquiétant phénomène de société. Comme si elles ne contribuaient pas elles-mêmes à envenimer les relations entre les hommes et les femmes. Voilà qu’elles pensent que ces tendances très minoritaires vont déterminer notre avenir. La réponse est que non, ça n’arrivera pas.

Par contre, ces mâles alpha sont nés d’une société où l’on dévalorise constamment toute forme de masculinité. Que ça soit au cinéma, la politique, la musique, les sports. Au Québec, les publicités dénigrent les hommes, vus comme incapables de prendre des décisions. Bien sûr que dans un tel contexte, il fallait s’attendre à un retour du balancier.

Les jeunes hommes ont besoin de modèles masculins positifs. Car bien souvent, le père fait défaut, de même que la plupart des figures masculines connues des jeunes. Les familles sont éclatées. La mère fait bien ce qu’elle peut, mais le père n’est souvent pas là. Ou bien c’est l’inverse. Une vaste majorité des enseignantes au primaire sont des femmes, et elles sont toujours majoritaires au secondaire.

Il y a eu un fort déclassement des hommes par la nouvelle économie. Le secteur tertiaire, qui s’est beaucoup développé, nécessite des gens qui travaillent dans un bureau. Les industries se modernisent par de nouvelles technologies. La construction est un secteur qui souffre de nombreuses difficultés, mais aussi de la conjoncture mondiale.

Dans ce contexte, ce n’est pas surprenant que les femmes aient largement rattrapé le retard qu’elles avaient sur les hommes, qui eux se sont souvent retrouvés laissés-pour-compte par la nouvelle société. Une société de plus en plus hostile aussi à la force masculine, vue comme violente ou toxique. Alors que non, elle pourrait être positive, si justement bien utilisée.

Ainsi, on se retrouve avec des mâles alpha, avec des opinions qui heurtent les personnes sensibles. Or, faites comme vous faisiez avant l’existence des réseaux sociaux : arrêtez d’écouter et passez votre chemin! Bien sûr, moi-même je ne suis pas à l’aise avec ce discours, mais faut-il chercher à l’annuler? Bien sûr que non. Car il n’est que le reflet d’une société malade qui néglige les jeunes hommes.

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