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Sainte-Greta, délivrez-nous du mal

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Ce n’est pas d’hier que certains observateurs de la vie publique caractérisent l’Occident comme une civilisation en perte de sens, fondamentalement désorientée. Plusieurs facteurs justifient cette constatation : la perte d’emprise du judéo-christianisme, la dissolution des structures traditionnelles, l’essor scientifique, la révolution industrielle et l’être humain en tant que centre du monde. L’avènement de ce qu’on pourrait qualifier de « modernité » bouleverse continuellement notre mode de vie et nous mène vers un horizon insaisissable, guidé par le mouvement et le progrès. Alors que l’ancien monde misait sur la tradition en tant que ciment de l’ordre, la modernité se définit plutôt par un perpétuel bond en avant, repoussant sans cesse les limites du moment présent.

Cet assèchement spirituel prend aujourd’hui une incarnation très particulière avec la figure de Greta Thunberg. Il faut bien observer le phénomène avec attention puisqu’il caractérise très clairement le dysfonctionnement spirituel de notre époque, du moins au sein de l’Occident. Du jour au lendemain, une innocente jeune fille, sans bagage civique ou scientifique particulier, est désormais l’incarnation charnelle de l’espoir de l’humanité dans sa forme la plus pure possible. Sa simple présence sur le terrain garantit inéluctablement aux pauvres militant écologiste de ce monde un certain réconfort, une douce sensation qui trace la voie à suivre. Son existence est digne de la Lumière immuable décrite par Saint-Augustin, cette lumière absolument transcendante qui ne peut provenir que de Dieu.

Tout ce qui relève du sensible est voué à la génération et corruption. L’être humain nait et meurt, comme toute espèce. Après tout, l’évolution est au cœur du monde matériel. L’environnement n’en fait pas exception. Pourtant, chez les thuriféraires de l’écologisme radical, il se trouve manifestement un inquiétant fantasme qui consiste à sacraliser de nouveau la nature, afin de la protéger contre l’être humain malveillant et impur. De ce point de vue, l’homme en tant qu’être rationnel représente nécessairement une menace directe pour l’écosystème, peu importe qu’il soit un vilain pollueur ou un humble écologiste. Pourtant, au cœur même de la modernité se trouve l’entreprise de contrôler la nature à l’aide de la science pour ainsi mener le progrès à bon port et améliorer nos conditions de vie. De ce point de vue, l’écologisme radical s’inscrit paradoxalement en réaction à la modernité. Naturellement, l’Orient ne sera jamais visé au sein de cette volonté de rédemption sous couvert de vertu écologique. Seul l’Occident est systématiquement coupable de cette corruption de la nature, même si l’écosystème est logiquement un système global qui inclut les fervents pollueurs que sont la Chine et l’Inde. La réalité devient soudainement incompatible avec le mythe de l’Occident corrompu.

Greta Thunberg reflète en sa figure un puissant symbole du dérèglement caractéristique qui ronge l’Occident moderne. À la fois sont farouchement amalgamés une crainte légitime de l’évolution climatique et un écologisme fondamentalement irrationnel qui déploie un redoutable arsenal dogmatique afin d’entraver sa remise en question. Plutôt que de miser sur le développement scientifique et technologique, l’écologisme radical fonde ses espérances en une innocente jeune fille dont sa place est tout bonnement sur les bancs de l’école, pas au cœur d’une pratique cultuelle. Plutôt que de valoriser l’usage de la raison et de la réflexivité, l’écologisme radical se ressource par la lumière révélée et imprègne ses sujets d’une vision du monde apocalyptique qui pousse à la panique et le chaos. Afin de sauver à tout prix la nature, les lumières cèdent peu à peu le terrain pour l’obscurantisme.

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