Il faut dire que cette année, les élections municipales auront provoqué tout sauf de l’excitation, de la joie et de l’espoir. Ce à quoi nous assistons, c’est un retour probable des libéraux affairistes aux commandes de plusieurs grandes villes du Québec. Vous avez détesté Denis Coderre ? Il est fort probable que Soraya Martinez Ferrada devienne la prochaine mairesse de Montréal, succédant à Valérie Plante et à ses deux mandats catastrophiques pour la métropole.
À Sherbrooke, tout indique que Marie-Claude Bibeau accédera à la mairie, après le bilan contrasté d’Évelyne Beaudin. Rais Kibonge, son dauphin désigné, n’a pas su convaincre qu’il incarnait le changement dans la continuité. On pourrait se dire : qu’est-ce que ça change que d’anciens libéraux siègent à la mairie ? Après tout, ils n’ont pas la main sur la politique nationale ou internationale.
En réalité, la présence de libéraux à la tête de nos villes comporte plusieurs risques. Prenons la question du français : une administration dirigée par Soraya Martinez Ferrada risquerait d’adopter une complaisance accrue envers l’anglicisation de Montréal. Le scénario se dessine : les anglophones et les allophones peu intégrés votent pour elle dans les couronnes périphériques, pendant que les quartiers centraux, à majorité francophone, se divisent entre Luc Rabouin, Gilbert Thibodeau et Craig Sauvé. Résultat : le vote francophone s’éparpille, et Martinez Ferrada en sort gagnante.
Mais il ne s’agit pas seulement de langue. Une mairie libérale, c’est aussi un renforcement du communautarisme ethnique et religieux. Les accommodements dits « raisonnables » risquent même de devenir la norme, davantage encore que sous Valérie Plante ou Évelyne Beaudin.
Et comment Paul St-Pierre Plamondon pourra-t-il négocier un éventuel troisième référendum sur la souveraineté, si la mairesse de la plus grande ville du Québec a siégé au sein du gouvernement le plus hostile aux Québécois depuis la Confédération ? On se souvient de Denis Coderre : le premier à s’agenouiller devant la fiction des territoires mohawks « non cédés » et à proclamer Montréal « ville sanctuaire » pour les immigrés illégaux.
Gens de Montréal, rendez-vous service — et rendez-nous service : votez pour Gilbert Thibodeau. Il promet un véritable changement à l’hôtel de ville et veut s’attaquer au gaspillage lié au recours à l’externe, alors que Montréal emploie déjà plus de 30 000 fonctionnaires.
Quant aux électeurs de Sherbrooke, de Québec et d’ailleurs, ne laissez pas les libéraux revenir par la petite porte. Nos villes méritent mieux que des anciens ministres dépensiers et déconnectés, qui voient la mairie non pas comme un projet d’avenir, mais comme un plan de semi-retraite dorée. Le Québec est peut-être le seul endroit au monde où les « candidats vedettes » au municipal ne rêvent pas d’ascension politique, mais d’une pension supplémentaire.



