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Grève du RTC pendant le Festival d’été de Québec : une autre prise d’otage cynique de la population par les syndicats

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Alors que la capitale s’apprête à vivre le coup d’envoi du 57ᵉ Festival d’été de Québec (FEQ), le syndicat des employés d’entretien du Réseau de transport de la Capitale (RTC) confirme sa volonté de déclencher une grève à compter de ce vendredi, en pleine période d’achalandage. Cette annonce jette une ombre sur l’un des plus importants événements culturels au Québec, qui accueille chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Les citoyens, les commerçants et les organisateurs du festival font face à un sabotage prévisible : une prise d’otage du bon déroulement de la vie publique par un syndicat qui agit une fois de plus comme s’il détenait les clés de la ville.

Un levier de négociation cynique

Selon les informations rapportées par Jonathan Lavoie et William Gagnon pour Radio-Canada, ainsi que par l’Agence QMI, les négociations entre le RTC et ses employés d’entretien, qui sont sans convention collective depuis septembre 2024, ont peu progressé malgré des pourparlers engagés depuis octobre. Le syndicat – affilié à la CSN – entend donc utiliser la plus grosse période touristique de l’année comme levier de pression maximal, quitte à paralyser la ville. Le 19 juin, il avait déjà déposé un avis de grève de dix jours, ciblant explicitement la tenue du FEQ, comme le confirmait alors Frédéric Brun, président de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Cette stratégie n’a rien d’innocent : on connaît l’importance capitale du RTC pour assurer la fluidité des foules pendant le festival. Avec une moyenne de 300 000 festivaliers transportés en autobus lors des éditions précédentes, selon Radio-Canada, l’efficacité du service est essentielle pour éviter la congestion et les débordements. Même les années où la grève a été évitée à la dernière minute, comme en 2023, la menace seule suffisait à faire planer un désordre inquiétant. Cette année, si la grève se concrétise, ce sont 15 % de la clientèle du FEQ qui devront trouver une solution alternative pour se rendre sur les plaines.

Un schéma syndical devenu banal

La situation s’inscrit dans une séquence tristement connue : depuis 2023, le Québec concentre plus de 91 % des grèves au Canada, selon une étude de Gabriel Giguère pour l’Institut économique de Montréal (IEDM). Ce dernier dénonce une véritable « épidémie » d’arrêts de travail, en particulier dans les services publics, où les citoyens deviennent les premiers otages. Le cas du RTC n’échappe pas à cette tendance : une poignée d’acteurs corporatistes peut désormais, sans trop d’obstacles, désorganiser une ville entière en bloquant un service de base, au moment où la pression est la plus forte.

Le ministre Jean Boulet lui-même, dans un segment relayé par QUB Radio, exprimait récemment son exaspération face au nombre trop élevé de conflits de travail au Québec, appelant à un retour au dialogue responsable. À Québec, les conséquences se font déjà sentir. La Société des traversiers du Québec menace également d’une grève pour la même période, compromettant la traverse Québec–Lévis, autre artère importante pour l’accès aux festivités. L’administration Marchand et les organisateurs du FEQ se retrouvent donc devant une double menace de paralysie.

Des solutions de fortune pour une crise évitable

Face à cette situation, les autorités tentent de proposer des solutions alternatives : vélo, marche, covoiturage, taxis, voire Flexibus et transport adapté, autant d’options évoquées par Nicolas Racine, président-directeur général de BLEUFEU (organisateur du FEQ). Mais tout le monde s’entend pour dire que cela ne pourra compenser adéquatement l’absence des services du RTC. Luc Selesse, porte-parole de Taxi Coop, prédit un afflux record d’appels et recommande aux automobilistes de se stationner loin des sites pour ensuite utiliser le taxi – solution partielle qui risque malgré tout d’engorger les grands axes.

Pour le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Claude Villeneuve, la situation est inacceptable. Il accuse le syndicat de prendre « les citoyens en otages » et remet en question la direction du RTC, notamment pour avoir suspendu sans motif la présidente du syndicat, ce qui a entraîné une condamnation de 40 000 $ en dommages punitifs, comme le rapportait Radio-Canada. Une maladresse qui fragilise la position patronale dans ce bras de fer public.

Quand le service public devient un instrument de chantage

On en revient donc toujours à la même réalité : une minorité syndicale s’arroge un droit de nuisance maximal en misant sur la vulnérabilité logistique des services publics, quitte à ruiner des événements attendus par des centaines de milliers de Québécois et de touristes. Alors que les demandes salariales du syndicat du RTC s’élèveraient à 30 % sur cinq ans, selon les chiffres cités par Bruno Marchand, le contexte économique – inflation persistante, pression sur les PME, saturation des services – ne justifie en rien une telle escalade.

Le Québec ne peut plus se permettre que chaque grande mobilisation syndicale vienne bousculer les piliers de sa vie sociale, économique et culturelle. Une réforme sérieuse du droit de grève dans les services essentiels s’impose. Le projet de loi 89, déjà critiqué pour avoir exclu le secteur public de ses mécanismes de rééquilibrage, devrait être élargi à ces services municipaux dont la paralysie affecte directement la sécurité collective.

Le Festival d’été de Québec devrait être un moment de cohésion et de fierté. Il devient, cette année encore, un terrain de confrontation syndicale. Il est temps de poser la question franchement : à qui appartiennent vraiment les services publics? Aux travailleurs syndiqués, ou à la population qui les finance et en dépend?

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