Hamilton : une policière demande le « deadname » d’une personne trans — l’affaire se retrouve devant les tribunaux.

Ce qui aurait dû rester un simple malentendu entre un policier et une citoyenne est en train de se transformer en symbole des dérives du wokisme institutionnel au Canada. Comme le rapporte Saira Peesker dans CBC News, une femme transgenre de St. Catharines, Sabrina Hill, a déposé une plainte en droits de la personne contre le Service de police régional de Niagara après qu’une agente lui aurait demandé son « deadname », c’est-à-dire son ancien nom avant sa transition.

L’incident, survenu en décembre 2023, a été filmé et largement partagé sur les réseaux sociaux. On y voit l’agente, Ashley Del Duca, poser calmement la question : « Quel est votre deadname ? » — expliquant ensuite qu’elle tentait « d’être respectueuse ». Mme Hill, refusant de s’identifier, a aussitôt interprété cette demande comme une atteinte à son identité et une forme d’humiliation publique.

L’affaire a depuis pris des proportions démesurées : plainte déposée au Tribunal des droits de la personne de l’Ontario, couverture médiatique nationale, mobilisation d’organismes militants, et des dizaines d’heures d’avocats payés à même les fonds publics. Tout cela pour un mot, prononcé sans hostilité, dans le cadre d’un contrôle policier.

Sabrina Hill affirme que cette interaction lui a causé une « expérience de victimisation » et réclame 30 546 dollars, dont 30 000 pour « humiliation ». Elle demande aussi une refonte complète de la formation policière pour éviter que d’autres personnes trans soient « mal genrées ». Le service de police, de son côté, soutient que l’agente a agi de bonne foi et demande au tribunal de rejeter la plainte, rappelant qu’aucune preuve d’intention malveillante n’a été démontrée.

L’affaire illustre jusqu’à la caricature la dérive d’un système obsédé par le ressenti subjectif et la reconnaissance identitaire. Dans une société où chaque micro-offense devient un combat moral, on en vient à confondre erreur de langage et crime symbolique. Le mot « deadname », pour certains, est traumatisant ; pour d’autres, il n’est qu’un terme administratif utile à l’identification. Mais dans le climat idéologique actuel, la nuance n’a plus sa place : seule compte l’émotion du plaignant.

Ironie du sort, c’est précisément ce climat qui fragilise la justice des droits de la personne. Comme le souligne Saira Peesker, plus de 80 % des plaignants sont aujourd’hui non représentés par un avocat, souvent parce qu’ils se lancent seuls, convaincus que leur indignation suffit à faire plier le système. Or, les tribunaux — même les plus bienveillants — reposent sur la preuve, pas sur la perception.

La plainte de Mme Hill s’inscrit aussi dans un contexte où la militance wokiste infiltre les institutions publiques. Des organismes subventionnés, comme The 519 ou le Human Rights Legal Support Centre, multiplient les formations sur les « micro-agressions » et la « sensibilité linguistique » plutôt que de recentrer leur mission sur la cohésion sociale. Ces structures se transforment en chambres d’écho idéologiques où la victimisation devient une arme politique.

Ce glissement du droit vers la morale affective a des conséquences profondes. Il banalise la notion de discrimination réelle, celle qui prive d’emploi, de logement ou de sécurité. Et il détourne les ressources publiques vers des batailles symboliques où le simple usage d’un mot — fût-il maladroit — devient un procès de société.

La police de Niagara, elle, se retrouve dans une situation absurde : accusée d’intolérance alors qu’elle finance déjà des programmes de formation en diversité, des drapeaux arc-en-ciel et des campagnes de sensibilisation inclusives. Si une agente, formée à ce langage, se fait malgré tout accuser de transphobie pour avoir utilisé un terme qu’elle croyait respectueux, c’est que plus personne ne sait quelles sont les règles du nouveau catéchisme identitaire.

À travers cette affaire, c’est toute la logique du wokisme institutionnalisé qui se révèle : une société qui prétend prôner la tolérance, mais qui pratique la suspicion. Une société où la bonne intention n’excuse plus rien, et où le dialogue cède la place au procès moral.

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