L’actualité montre depuis des années quantité de scandales concernant l’ingérence étrangère aux États-Unis. Récemment, il s’agissait de personnes travaillant pour la Corée du Nord, permettant au régime des Kim de pratiquer le « télétravail » à distance afin de dérober des secrets industriels. Sans compter d’autres scandales impliquant des ressortissants chinois installés au Texas, qui ont exporté des armes à feu vers Hong Kong, puis ensuite à Wonsan, principal port nord-coréen.
Mais ces menaces, qu’elles viennent d’Iran, de Russie, de Chine ou de Corée du Nord, ne visent pas uniquement les États-Unis. Étant donné l’intégration du Canada à l’économie américaine, et son rôle de partenaire stratégique de premier plan pour l’OTAN, le pays est lui aussi la cible de l’ingérence des puissances révisionnistes.
La Chine a tenté d’infiltrer nos laboratoires et nos universités. On se souvient de l’affaire du laboratoire P4 au Manitoba, le seul du genre au Canada. Ou encore des opposants iraniens en exil menacés directement par des gangs criminels, payés par le régime afin de faire la « job de bras ».
Nos gouvernements semblent à peine comprendre l’importance de la lutte contre l’ingérence étrangère. On se rappelle que durant la pandémie, l’ancien premier ministre Justin Trudeau disait ne pas vouloir stigmatiser les communautés asiatiques au pays. Pourtant, est-ce que les opposants iraniens critiques du régime, qui dénoncent l’intimidation dont ils sont victimes, sont racistes envers les personnes originaires d’Iran ?
Nos pays disposent certes de libertés en théorie garanties par les chartes des droits, mais celles-ci ont un contre-effet : il est difficile, en tant que sociétés ouvertes, de lutter contre des acteurs qui verrouillent tout chez eux — leurs frontières, leur Internet, leur marché. Il est parfaitement possible pour la Chine d’installer ses entreprises ici ou aux États-Unis, comme récemment avec le cas de Luckin’ Coffee, l’anti-Starbucks.
À l’inverse, il devient de plus en plus ardu pour une entreprise étrangère de s’implanter en Chine. Plusieurs ont quitté le pays au cours des dernières années. Les raisons évoquées ? Brevets et droits d’auteur bafoués, réglementations intrusives sur les données collectées. La Chine oblige en effet ses citoyens comme ses entreprises à fournir, sur demande, toutes les informations exigées. D’où un manque de confiance croissant entre la Chine et le reste du monde.
Il n’est pas évident de combattre l’ingérence étrangère, mais une chose est claire : que les médias fassent leur travail est essentiel. Désormais, les entreprises technologiques seront plus prudentes dans leurs recrutements à distance. Des outils se développent aussi pour détecter la présence de l’IA. À défaut d’une intervention gouvernementale proactive, nous pouvons au moins compter sur des acteurs civils, des entreprises et des lanceurs d’alerte.



